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le port même de Tornéa (sur le golfe de Bothnie) devrait rallier tous les suffrages, Il est d’ailleurs bien entendu que cette occupation ne pourrait se produire que si la Finlande, jusqu’ici état neutre, officiellement du moins, entrait dans le conflit. C’est là une hypothèse qu’on a, dans l’état présent des choses, le droit d’envisager…

Peu importe, d’ailleurs. Le point essentiel, dans cette affaire, c’est qu’il y aurait l’intérêt politico-militaire le plus marqué à ce que l’armée alliée se tint, par son aile droite, le plus près possible de la Norvège et de la Suède. Je ne veux pas insister indiscrètement sur ce côté de la question ; il me suffira, pour me faire entendre et aussi pour conclure, de rappeler l’habile conduite que tinrent, au printemps et dans l’été de 1813, les coalisés russo-prussiens. Convaincus moralement que l’Autriche, alliée pourtant de Napoléon, sympathisait profondément avec eux, ils résolurent, quoi qu’il pût arriver, de rester toujours en contact avec son territoire. L’Empereur français eut beau les battre à Lützen et à Bautzen, il eut beau les pousser jusqu’au-delà de la Kalzbach et menacer ainsi leur ligne de retraite naturelle sur Posen, ils restèrent cramponnés par leur aile gauche au Riesen Gebirge et aux débouchés de la Bohème. L’armistice les y trouva, l’armistice qui nous fut si fatal et qui jeta l’Autriche dans les bras de ses anciens amis. Deux mois après, le 16 octobre 1813, les trois armées se trouvaient réunies contre nous dans les plaines de Leipzig.


Amiral DEGOUY.