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confession religieuse qu’elles appartiennent. » Toutefois il reconnaît que cet homme était bon chrétien par l’affection et l’intérêt qu’il portait aux travailleurs placés sous ses ordres.

Un de ses descendants, M. Albert de Dietrich, vice-président du Comité des Bibliothèques d’Alsace-Lorraine et publiciste distingué, nous apprend qu’il avait remplacé son père dans la charge de secrétaire de l’Ordre du Mérite militaire et autres emplois. Sa correspondance avec les savants de toute l’Europe était immense ; les questions économiques et sociales le passionnaient. Les sciences n’étaient pas seules à l’intéresser ; il était musicien d’instinct et de goût, chantait agréablement, composait même et jouait du violon. Nous verrons que, peu de temps avant sa mort, il copiait, arrangeait et composait des morceaux de musique qu’il devait laisser pour tout héritage à son fils aîné. Sa femme était d’origine bâloise, et sœur du chancelier Ochs. C’était une femme accomplie, d’un mérite rare, d’une haute éducation et d’un dévouement à toute épreuve. La baronne d’Oberkirch la mettait « au nombre des trois Alsaciennes qui avaient de l’esprit et savaient causer avec tous les invités français et étrangers de distinction. » Commissaire royal à Strasbourg, le 6 juillet 1789, en remplacement du préteur royal qui s’était créé, par la mauvaise gestion des affaires, de nombreux ennemis dans la tribu des Bouchers, Dietrich avait quarante ans à peine et entrait dans la carrière politique avec la vigueur physique et morale d’un homme conscient de ses devoirs, prêt à se dévouer à ses concitoyens. Comme son père, il avait fait le sacrifice de ses privilèges de gentilhomme et contribuait aux impositions publiques à l’égal de beaucoup d’autres, quoique la Noblesse en général persistât à réclamer le maintien de ses droits seigneuriaux. Les Bouchors, qui avaient demandé la réduction du droit d’entrée sur les bestiaux et n’avaient pu s’entendre avec les autorités, avaient transmis leurs doléances aux députés des États généraux de Strasbourg et réclamé un médiateur. Dietrich ne craignit pas d’assumer cette charge et y apporta une énergie dont sa ville natale reconnut la sincérité et l’efficacité.

Ses mérites particuliers, son nom, sa fortune, ses titres, sa science, son intelligence et sa bonne volonté lui avaient attire une foule de partisans. Aussi, sa nomination fut-elle parfaitement accueillie. Il promit au Conseil de la Cité de consacrer