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celle du Cateau et celle de Guise, la Fère commande l’Oise de l’Ile-de-France.

La position de Saint-Quentin, de caractère plus complexe, est non moins importante. A l’origine, la capitale du Vermandois était Vermand, à la tête de la voie romaine. Mais, à partir de l’ère gallo-romaine, la métropole s’est déplacée : remontant la vallée de la Somme, elle vint s’installer sur la crête entre Escaut, Somme et Oise. L’objectif fut évidemment de se rapprocher, le plus possible, du bassin parisien, sans renoncer cependant au contact avec les autres bassins, tournés vers le Nord, celui de la Somme et celui de l’Escaut. Donc, par la volonté des empereurs, Saint-Quentin (l’Augusta Veromanduorum) est un observatoire qui surveille et protège à la fois tout ce qui vient de Belgique et tout ce qui y va. On voit comment des trois nœuds dépend toute la contrée : c’est Guise, la porte, Saint-Quentin, la crête, et la Fère, la forteresse.

Les temps modernes ont changé les conditions de la défense. Les remparts à la Vauban sont tombés au souffle des artilleries plus puissantes : le sol est resté le seul et véritable rempart. Sur les bords de la Sambre française, sur les bords de l’Escaut, sur les bords de la Somme, s’établiront les organisations appuyées sur les collines et les forêts. Une fois les batailles de Belgique perdues, l’effort de la résistance se portera, d’abord, sur la région boisée qui environne la frontière, Fagnes et Thiérache, forêt de Trélon, forêt de Chimay, forêt du Nouvion, forêt de Saint-Michel. Des travaux de défense avaient été préparés, en effet, par les ordres du général Joffre, dans la Thiérache, autour de Vervins et du Nouvion. Mais la rapidité des événements interdit tout arrêt dans ce couloir. Les artilleries et les convois modernes exigent un champ plus libre, des routes plus nombreuses, des communications plus assurées. De telle sorte que, par la nécessité des choses, le problème de la défense sur la voie Guise Saint-Quentin-la Fère, se transporte un peu plus bas, au flanc même de cette route, dans une région admirablement préparée par la nature et qui la commande comme un formidable bastion, le plateau du Marlois.

A mi-chemin entre Guise et la Fère, juste en face du coude de l’Oise prenant sa direction vers le Sud, à Origny-Sainte-Benoîte, un quadrilatère déterminé par Guise, Vervins, Marle, Ribemont, dessine une magnifique terrasse qui, tantôt, tombe