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dans des proportions formidables. Une compagnie prévenue, armée de grenades et de fusils-mitrailleurs, se couvre, en avant de sa position, d’un barrage de feu infranchissable sans préparation d’artillerie. Deux civilisations arrivées au même degré rivalisent d’applications scientifiques.

Avec les opérations de Verdun de l’été 1917 et surtout la bataille de la Malmaison, nous assistons à la ruine de la méthode de défensive en profondeur et de son efficacité. La riposte à la contre-attaque de profondeur est trouvée. Les troupes ennemies massées en arrière des lignes et qui attendent le moment d’intervenir, repérées par avions, sont décimées avant leur entrée en jeu par le tir des pièces lourdes. En outre, l’infanterie assaillante, dont l’avance est soigneusement réglée, ne se laisse plus surprendre. Sur la zone présumée de la contre-attaque elle arrive sans flottement, s’organise rapidement, installe les mitrailleuses qui l’accompagnent dans sa progression. Un barrage roulant la protège. L’ennemi perd ainsi tous les avantages de sa contre-attaque brusquée. Le plus souvent, il ne peut déboucher.

L’opération de la Malmaison, malgré son caractère limité, apporta au commandement français des promesses qui dépassaient singulièrement ses résultats. Cette fois, sous un choc violent dirigé en un point bien choisi de la ligne fortifiée, l’ennemi était contraint d’effectué le repli d’une portion de sa ligne. Les troupes françaises, en poussant jusqu’à l’Ailette, dans la région de Pinon, menaçaient les positions qui longeaient le Chemin des Dames depuis l’Epine de Chevregny jusqu’à la région de Corbeny et obligeaient les Allemands à abandonner toute la crête, dont les belligérants se disputaient sans relâche la possession depuis le mois de mai, et à se replier au Nord de la vallée. L’action tactique engendrait le recul stratégique. — La bataille de la Malmaison est comme le type réduit de la victoire, telle qu’on pouvait la concevoir logiquement désormais, dans les conditions spéciales de la guerre de positions. Elle présente cet avantage incontestable que la retraite de l’ennemi a été immédiate. Remarquez qu’à la Malmaison, pas plus qu’ailleurs, le facteur surprise n’a eu à jouer. Les Allemands avaient décidé de tenir coûte que coûte pour garder la ligne d’observatoires du Chemin des Dames. Ils avaient accepté la bataille et s’y étaient soigneusement préparés. Leur défaite prouvait que notre méthode