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l’Allemagne, au 31 mars, va le demander à des attaques secondaires. Il s’agit d’exploiter les résultats acquis avant que la stabilisation du front nouveau soit complète. Par des poussées plus restreintes, créer des saillants alternés dans la ligne ennemie, puis les réunir en faisant sauter le rentrant qui les sépare ; tel est le procédé que nous retrouverons partout désormais.

Justement, les réserves britanniques, pour faire face au danger, ont glissé du Sud au Nord en laissant dégarni le front compris entre Ypres et le canal de la Bassée tenu par les Anglo-Portugais. Tous les facteurs, que nos ennemis cherchent à mettre dans leur jeu, là encore sont réunis : un adversaire plus faible, des effectifs réduits, la surprise. L’attaque du 9 au 14 avril sur un front de 25 kilomètres, réalise une avance de 15 à 20 kilomètres. Bailleul, Armentières, tombent. Béthune est débordé. Un effort de plus, et Ypres peut l’être, ce qui amènerait la retraite de la ligne belge de Nieuport-Dixmude. C’est la tentative du 24 ; elle échoue.

Dans le même temps, au Sud, le jeu des saillants se poursuit : attaques sur Grivesnes, sur Moreuil, sur Villers-Bretonneux. Réussite imparfaite : l’adversaire non seulement résiste, mais contre-attaque. La réunion des saillants en une seule poche devient impossible. Ces efforts ont coûté fort cher à l’ennemi. La situation des Alliés est complètement rétablie, nous retombons dans la guerre de positions. Le premier acte de l’offensive est joué.


LE DEUXIÈME ACTE. — L’ATTAQUE DU 27 MAI

Le deuxième sera la simple répétition du premier. Il semble pourtant que le metteur en scène ait changé son dénouement. Paris, cette fois, est en cause. Non pas que l’Allemand veuille marcher directement sur lui. Les principes de 1914 qui le décidèrent à négliger la capitale avant d’en avoir fini avec l’armée française, sont toujours en honneur. Battre une armée sans ailes, c’est, nous l’avons vu, ouvrir une vaste brèche sur son front et contraindre tout le dispositif à se replier. Fatalement, le sort de Paris se décidera par une nécessité d’alignement. Ou l’armée française, pour conserver son intégralité, en fera volontairement l’abandon, bu bien, voulant garder Paris à tout prix, elle risquera de compromettre son dispositif et fournira