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préparer. En même temps, c’est-à-dire le 27 août au matin, le général Joffre prévient le maréchal French qu’il donne l’ordre à la 5e armée d’exécuter, à la hauteur de Guise-Vervins, une vigoureuse attaque sur les forces ennemies qui suivent l’armée britannique, de façon à dégager celle-ci ; d’autre part, à la gauche de cette même armée, le corps de cavalerie du général Sordet la protégera contre toute action débordante de l’ennemi. Dans ces conditions, la présence de l’armée anglaise sur la ligne de la Fère contribuera au succès d’une manœuvre combinée sur le front de la Somme, en même temps que sur le front de l’Oise.

Les mesures ont été prises dans la journée du 27 ; le 28 au matin, le général Joffre s’est transporté au Quartier Général du général Lanrezac, à Marle, et il lui a donné, par écrit, l’ordre d’attaquer sans perdre une minute. L’objectif principal est la ligne Saint-Quentin-la Fère, puisqu’il s’agit d’abord de dégager l’armée anglaise et, en second lieu, de combiner l’action de la 5e armée avec celle du général Maunoury. Cependant, le général Lanrezac n’est pas sans inquiétude pour sa droite : il craint que l’armée Bülow ne débouche un peu plus haut, sur l’Oise, vers Ribemont ou Guise. Il est donc convenu qu’il prendra ses dispositions pour se protéger fortement de ce côté.

Le général Joffre se transporte alors au Quartier Général du général French : il a gardé, jusqu’à cette heure, l’espoir que l’armée britannique lui apportera un concours quelconque, ne fût-ce que par sa présence autour de la Fère. Mais le maréchal French ne peut que lui montrer ses troupes exténuées. Leur état exige au moins un jour de repos. Elles ne pourraient intervenir utilement que si les circonstances devenaient plus favorables.

Joffre s’incline ; mais il ne change rien à ses ordres : car, s’il n’attaque pas, il e.t attaqué. Déjà, on a perdu la journée du 28, et les Allemands ont passé l’Oise au pont de Guise. Avec ou sans les Anglais, on marchera dès le lendemain 20, à l’aube.


Voyons, maintenant, quelle est la ligne de bataille dans les deux camps, à cette veillée des armes, la nuit du 28 au 29. Le front est l’aboutissant de la marche des corps : déterminons-le par la marche des corps, et, d’abord, dans le camp français,