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britannique. Or, nous savons que cette bataille fut due incontestablement à l’initiative du général Joffre. Les ordres étaient donnés dès le 27 au matin.

Sur un seul point, Bülow eut, en apparence du moins, l’initiative. La marche de ses corps porta à l’improviste deux de ceux-ci sur Guise, dès le 28 à midi, tandis que deux bataillons de réserve français seulement les gardaient, ce même après-midi. Ainsi la bataille s’engagea inopinément ; et l’offensive française se trouva, jusqu’à un certain point, handicapée, de ce côté, au moment même où elle allait se produire. On comprend l’insistance que Joffre avait mise à réclamer l’attaque avant que l’ennemi fut arrivé, en tout cas, avant qu’il eût élargi sa tête de pont.


Combat des ponts de Guise, le 28. — La défense de l’Oise, pour l’après-midi du 28, avait été organisée ainsi qu’il suit : d’une façon générale, elle était confiée aux divisions de réserve du général Valabrègue, qui, arrivées les premières sur le terrain, devaient, tout en gagnant l’emplacement qui leur était assigné en face de Saint-Quentin (Surfontaine), laisser certains de leurs éléments dans les fonds d’Oise pour permettre aux autres corps de déboucher et de prendre leur place au fur et à mesure.

Le général Perruchon, commandant la 53e division de réserve, avait confié spécialement cette mission à la 106e brigade (général Journée). Deux bataillons étaient aux passages de Guise et Flavigny avec ordre de tenir à tout prix ; le 48e bataillon de chasseurs, mis à la disposition du général Perruchon, gardait l’Oise en aval de Longchamps : un régiment à Mont-d’Origny avec un groupe d’artillerie à la cote 120 au Sud d’Origny-Sainte-Benoîte ; un bataillon à Ribemont ; deux bataillons aux ponts de Châtillon-Mézières et Alaincourt. C’était peu de chose pour tenir une si longue étendue de rivière contre les corps allemands qui arrivaient. Mais on supposait que le 18e corps, le 3e corps et le 10e corps se présenteraient à temps.

Nous avons dit les retards, à peu près inévitables, qui s’étaient produits dans la marche de ces corps, un instant embouteillés par la retraite du 1er corps anglais.

La brigade Journée, un peu abandonnée à elle-même, remplit, du mieux qu’elle put, sa mission. « Le brave Journée, très