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dur pour lui-même, d’un dévouement sans limites, s’est multiplié » dit un rapport. Attaquée partout, sa brigade tint partout, sauf, pourtant, sur un point, le plus important, — Guise.

Par toutes les voies, soit du Nord, soit de l’Est, les troupes allemandes venant de Wassigny et de Landrecies à la suite du 1er corps anglais, venant du Nouvion et de Leschelle à la suite des divisions de réserve françaises, venant d’Étréaupont et de la Capelle à la suite des 18e et 3e corps français, se concentraient sur Guise dans la matinée du 28. Les deux bataillons de réserve du général Journée, l’un au pont de Flavigny, l’autre au pont de Guise, un bataillon de chasseurs au pont de Long-champs, subirent vaillamment l’assaut de l’armée ennemie arrivant en forces toujours accrues : la lutte se prolongea tout l’après-midi. Vers trois heures, le pont de Flavigny, qui déborde Guise, est attaqué par de nouveaux régiments ennemis. Dans la nuit, Guise succombe.

L’incident était grave. Cependant, comme nous l’avons dit, l’effet stratégique fut compris rapidement et la riposte immédiate.

La vallée de Guise se heurte, comme nous l’avons indiqué, aux premières pentes du Marlois. C’est de là que descend la contre-partie. La 33e division (du 18e corps), qui défilait à proximité, sur le plateau du Marlois, s’arrête, se retourne et contient l’ennemi au débouché de Guise et de la vallée de l’Oise. En somme, l’ennemi fut refoulé ; mais il restait maître des ponts : la bataille rebondira là-dessus, le lendemain matin.

Disons tout de suite que, malgré cet échec, le général Journée n’a pas laissé se disloquer sa brigade. Le lendemain 29, il reprend en mains ses bataillons éprouvés ; tantôt marchant, tantôt combattant, traversant, dans toute sa largeur, le champ de bataille, il les ramènera le long de la rivière ; il se bat à Jonqueuse ; il se bat à Origny et finit par rejoindre sa propre division (la 53e division de réserve) à Renansart-Surfontaine, où il reçoit, du général Perruchon qui le croyait perdu, l’accueil que l’on devine.

Cette odyssée s’était accomplie dans un pays en feu : car, sur toute la contrée, la bataille était déchaînée, le 29.


Derniers ordres pour la bataille. — L’ordre d’attaquer avait été donné à tous les corps en ligne pour l’aube du 29. Mais, d’ores et déjà, s’étaient/intercalés pendant la nuit, entre ces