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son mouvement le 239e. Et ce recul s’opère de telle sorte que la 5e division, qui le subit, est obligée de s’adosser à la 6e division et de combattre face au Nord dans les bois de Bertaignemont, tandis que sa voisine, la 6e division, a pour ordre de combattre face à l’Ouest, pour appuyer le 18e corps. C’est le point précis où la bataille pour Saint-Quentin s’articule (et assez mal, comme on le voit) à la bataille pour Guise.

Il est onze heures.

En raison de l’échec infligé à la brigade de la 5e division qui regarde Guise et la boucle de Guise vers Macquigny, cette division est dans l’impossibilité de se rassembler pour passer l’Oise.

Cependant la 6e division, qui tient la gauche, n’a pas renoncé à marcher sur Origny, où le 18e corps l’attend. Laissant les soutiens nécessaires pour protéger l’artillerie du corps à Cour-jumelles, elle descend des plateaux, se porte en direction générale de Jonqueuse, tandis que la 5e division garde la ligne de flanc, dans le petit bois, à 1 500 mètres Nord de Landifay.

Heureusement, à ce moment critique, la 37e division (troupes d’Afrique) débouche sur le champ de bataille : elle a ordre de jeter, immédiatement, une de ses brigades par Saint-Remy pour reprendre la ferme de Bertaignemont. D’autre part, la 6e division a forcé les ponts à Origny-Sainte-Benoîte et elle se développe sur la rive droite. Elle seconde ainsi le mouvement du 18e corps en direction de Marcy-Homblières. Mais, sur ce terrain très dur, le progrès ne peut se faire que difficilement. Et le général Hache est toujours inquiet pour sa droite.

Le général, ayant toutes ses ressources en mains, se résout alors à faire un effort pour maîtriser l’ennemi. Il prend le parti de se retourner, pour en finir avec les éléments du Xe corps allemand débouchant de Guise : laissant donc seulement quelques éléments de la 6e division sur la rive droite, il forme une masse d’attaque avec ses deux divisions et les jette simultanément sur la cote 136 qui domine Jonqueuse et Macquigny et sur la ferme de Bertaignemont. En un mot, il se retourne, de lui-même et momentanément, de Saint-Quentin sur Guise.

Il est midi trente. On comprend, maintenant, qu’à cette même heure, le 18e corps, dans son offensive sur Saint-Quentin et au moment où le groupe des divisions de réserve lui demande du secours à l’Ouest, se sente mal appuyé à l’Est.