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Aux abords de la gare, les Cosaques montés, qui se sont enfuis dans toutes les directions pendant la nuit, regagnent leurs stanitzas : ils passent par groupes de deux ou trois, sans nous jeter même un regard. Ceux de leurs camarades qui sont dans la gare crient qu’il faut mettre un train à leur disposition. « La guerre est finie ! On rentre chez soi ! » Quarante d’entre eux montent sur une locomotive, les autres dans des fourgons de bagages.

L’aventure des Cosaques est terminée. Encore une fois, nous nous sommes laissé prendre aux folles clameurs, aux promesses trompeuses des « libres fils du Don. » Une angoisse nous étreint. Alors ce serait donc fini, bien fini ? L’ennemi qui avance, le désordre et la folie qui rongent l’immense nation, les forces matérielles qui manquent, et jusqu’à l’élément moral et à la foi qui nous abandonnent… Comment pourra-t-on jamais réorganiser ces foules, aussi promptes au découragement qu’à l’enthousiasme ?

Tout le problème est là.


L. GRONDIJS.