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princes de la rive gauche et c’est sans coup férir que peu à peu la politique française enlace les États à récupérer. Les électeurs rhénans, lentement, viennent à nous, préférant à l’Empereur impuissant le magnifique roi de France. On peut entrevoir le jour où, comme les princes-évêques de Verdun, Toul et Metz au XVIe siècle, les archevêques électeurs de Trêves, Cologne et Mayence seront amenés à bénir eux-mêmes l’union, — prise de possession où protectorat, — de leurs cités avec le royaume de France, quand, le trône tombé, la Révolution vient tout brusquer.


V. — LA « NATION » SUR LE RHIN

« Le Rhin… est la frontière naturelle d’une grande République qui ne désire pas faire de conquête, mais accueille les nations qui consentent à se réunir à elle… Déclarez-vous libres et Français, et vous serez incorporés à un État indestructible… Vous n’avez qu’à le vouloir… »

Qui parle ainsi ? Un Français impérialiste ? non. C’est, le 15 novembre 1792, Georges Forster, Allemand d’Allemagne, mais qui, bibliothécaire de l’Université de Mayence, est naturalisé Rhénan. Et la Société des amis de la Liberté et de l’Egalité de Mayence, professeurs, ecclésiastiques, étudiants, négociants, salue de ses applaudissements la déclaration.

« La nature a donné le Rhin comme frontière à la France. »

Qui affirme derechef le principe admis depuis César par tout ce qui, en Occident, sait voir et comprendre ? C’est, en décembre 1797, à Coblence, Joseph Görres, qui en vain, plus tard, se reniera lui-même, Görres, un des Rhénans les plus célèbres de son temps.

« Nous brûlons du désir ardent de nous voir réunis par un acte législatif à nos anciens frères les Gaulois. »

Qui s’exprime ainsi ? C’est, au printemps de 1798, Aix-la-Chapelle.

Après les Gaulois, ce sont les Francs qui s’évoquent dans la vallée de la Roer, « rappelant le nom de Francs et l’ancienne Confédération. » Eschweiler précise : « Nous ne demandons qu’à être REINTEGRES dans nos anciens droits de citoyens français. Le Rhin nous séparera des contrées habitées par les Teutons. »