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pénombre, les jolies filles blondes s’agitent. Gailhard avec sa canne bat la mesure.

Quelques Compiégnoises sont là dans la salle. Les officiers du régiment de la ligne en garnison à Compiègne. Cela les amuse. Une répétition, bonne fortune !

Je fais arrêter le travail des électriciens et l’on répète : Il ne faut jurer de rien.

— Croyez-vous, me dit Coquelin cadet, que ça ait lieu ?

— Quoi ?

— Ça. À cause de Mac Kinley.

En effet, à la gare Saint-Lazare, une troisième édition de l’Éclair m’avait appris la mort du pauvre président.

Je minute la pièce avec Roujon. Quarante-cinq minutes, ça peut aller. Il est question de la Haye dans le rôle de van Buck ; je mettrai Rotterdam. La conférence pourra paix à la Haye, cela pourrait faire sourire. C’est aujourd’hui qu’expire le délai laissé aux gens du Cap pour se rendre.

Le chef de la Sûreté est là. Il voudrait bien être au 21. « Dans huit jours, à cette heure, je serai plus content ! »

Le 20, il partira de Compiègne avant le train présidentiel, dans le train-pilote explorant la voie. — Il se demande si le vieux Polonais dont on a ri, mais qui existe, fera des siennes. Peut-être est-il mort ? En 96, devant Notre-Dame, il avait posé un engin pareil à celui qui éclata place de la Concorde le soir du gala des Français et qu’on prît pour un pétard de joie et à celui qui retentit aux oreilles de Félix Faure allant en Russie, près de la gare du Nord. — D’une écriture identique, les engins portaient un papier orné d’un cœur et d’un poignard d’où l’on adjurait le Tsar en faveur de la Pologne, en rappelant Poniatowski. De là le surnom : le Vieux Polonais. Et l’homme, en effet, doit être vieux.


23 septembre 1901.

Maintenant que l’Empereur est parti, on se dispute et on se demande à quoi a servi son voyage. Paris est vexé de ne l’avoir pas vu. Il a rentré ses drapeaux avec rapidité. Un marchand de chansons, qui, en 1890, en avait vendu une : Pour le Tsar, à de centaines de milliers d’exemplaires et qui en avait commandé aux mêmes ailleurs une nouvelle : Pour revoir le Tsar, n’en a pas vendu quarante.