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Le redan, Malakoff, cratère de mitrailles ;
Ils montent à l’assant de ces volcans humains.

Sous ce titre, le Remords, le poète jette ces six vers :

Si vous êtes bon, juste et doux, vos actions
Volent dans votre nuit comme des alcyons ;
Le souvenir vous baise au front dans tous vos rêves.
Si vous êtes bandit, si vous hantez les glaives,
Si vous faites le mal, le souvenir vous mord
Dans l’ombre, avec les dents d’une tête de mort.

Sans titre, d’autres vers expriment une idée gracieuse dont la forme n’est pas définitivement arrêtée :

Supposons qu’une fleur en amitié vous prenne
Comme un chien, et d’en bas vous verse à tout moment
Son souffle, son parfum, son amour, doucement.

Ou

Comme un chien qui vers vous se tourne à tout moment
Et que ce lis penché vous cherche doucement
Dès l’aube, et vous versant son parfum, pur dictame,
Fasse un embaumement de son souffle à votre âme.

Puis il se définit ainsi lui-même :

Je vis dans le passé, pâle songeur des ombres,
Et dans l’évanoui.

On ne peut être surpris que l’idée de la mort revienne à plusieurs reprises dans le carnet du poète. Elle prend une forme plaisante dans la bouche du croque-mort qui titube :

Après m’avoir soûlé
De son vin de Surène abject et peu salubre,
Cet être m’a lâché ce calembour lugubre :
Ami, tu portes bien la bière, et mal le vin.

mais les Paroles de l’homme sombre sont d’un autre ton :

<poem> Je voudrais mourir seul, ne tenant plus à rien, — Sans famille. — Je voudrais en partant ne pas laisser d’enfants ;