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désignée pour ouvrir la marche en cette entrée solennelle des troupes françaises dans la cité messine. L’infanterie divisionnaire commandée par le colonel Moisson, un des combattants de Verdun, comprend le 146e et le 153e, de Toul, régiments dont les capotes bleues sont illustrées de fourragères et de croix de guerre. Vient ensuite le 121e, qui combattit à Sarrebourg, au mois d’août 1914, et qui représente la 26e division, digne également d’être à l’honneur, puisqu’elle fut à la peine. Le 156e se souvient de Maixe, de Lironville et de cent autres combats. Le 39e régiment d’artillerie de campagne, décoré de la fourragère aux couleurs de la médaille militaire, rejoindra bientôt Thionville où il tenait garnison avant la guerre de 1870. Hier, il est venu de Nancy, avec ses batteries légères, par la route de Pont-à-Mousson, suivant le cours de la Moselle, tour à tour rose de soleil et bleue de crépuscule. Ensuite, ce sont les dragons du 1er  corps de cavalerie, avec leurs lances hautes et droites, pareils à des chevaliers d’autrefois en quête d’une belle aventure ; les tirailleurs, les chasseurs cyclistes, les artilleurs des batteries lourdes et des chars d’assaut, une prodigieuse variété de jeunesse vaillante et de force vive, qui représente, pour la ville de Metz, quelque chose de nouveau et d’ancien tout ensemble, la patrie retrouvée et embellie, la France rajeunie par les vertus de ses enfants et par leur inépuisable capacité de prouesse, tout notre passé et tout notre avenir, une réalité, un idéal, visibles à tous les yeux dans cette résurrection lorraine et dans cette renaissance française.

Gaston Deschamps.