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bombardement[1] ; les premières lignes sont nivelées, mais le terrain est disputé pied à pied : au cours de la première journée, l’ennemi n’arriva qu’à peine à nos tranchées de soutien.

« Mais il accentue sa pression… Le 22, les Allemands attaquent à nouveau le bois des Caures et le bois de Consenvoye ; le soir, ils pénètrent dans les ruines du village d’Haucourt, dans la nuit du 22 au 23, nous évacuons Brabant ; le lendemain, l’ennemi déborde nos positions à la Wavrille, ce qui nous force à abandonner l’Herbebois, menacé d’être pris d’enfilade ; le soir du 23, le village de Samogneux est considéré comme perdu[2]… »

Ainsi venait de commencer, dans la stupéfaction et l’angoisse, « la plus grande bataille de la plus grande guerre ![3] »

C’est le 18 février que le Service automobile reçut l’ordre de se préparer, sans perdre un instant, pour une grande poussée allemande sur le front de la Meuse.

Le capitaine Doumenc, adjoint au directeur des Services automobiles à l’état-major général, alors à Chantilly, partit immédiatement, envoyé par le commandant Girard : il arrivait à Bar-le-Duc le samedi 19 dans la matinée.

Quel était alors le problème à résoudre et quelles étaient les ressources dont on disposait ?

Le problème était le suivant :

1° Faire affluer dans la région de Verdun environ 2 000 tonnes de munitions par jour, en moyenne ;

2° Transporter les vivres et matériels divers nécessaires aux grandes unités, — soit environ 100 tonnes par division, — et prévoir quinze à vingt divisions ;

3° Assurer le transport des troupes montantes et descendantes : prévoir quinze à vingt mille hommes par jour ;

4° Procéder à l’évacuation du matériel de toute nature existant dans la place de Verdun. On ne pouvait compter en rien sur le chemin de fer, l’unique ligne qui desservait Verdun, par Sainte-Menehould, devant fatalement être coupée par les premiers tirs allemands dans la boucle d’Aubrévilie : de fait, elle ne cessa, pendant des

  1. Pendant ces neuf heures, plusieurs millions d’obus furent crachés par plus de 2 000 pièces d’artillerie.
  2. Bulletin des Armées de la République, 1er novembre 1916.
  3. Henry Bordeaux, Les derniers jours du fort de Vaux.