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mois, d’être alternativement détruite et refaite. Quant au petit chemin de fer Meusien, « tortillard » a voie étroite[1], qui longe à peu près la route Bar-le-Duc-Verdun, il devait certes rendre d’immenses services et il faut le saluer ici : mais sa capacité était, au grand maximum, de 800 tonnes par jour.

Le ravitaillement et les troupes ne pouvaient donc être amenés de l’intérieur, pratiquement, que jusqu’à Bar-le-Duc, point extrême ; et, dans ces conditions, le Service automobile, en utilisant la route à partir de Bar, — 65 kilomètres environ, — devait, lui seul, répondre de tout.

Or, ses ressources, dans cette région, étaient maigres !

On a écrit que « le trafic automobile était prévu pour approvisionner 250 000 hommes[2]. » Rien n’est moins exact. Pour les vivres, les munitions, le matériel et la relève des troupes, l’ « approvisionnement » de 250 000 hommes représente environ 6 000 tonnes et exigeait, en plus du Meusien, à une telle distance et en tenant compte du roulement, au moins quarante-cinq groupes automobiles. On était loin de compte : dans-la région de Verdun, il y avait, en tout et pour tout, les unités automobiles de la 3e armée et celles de la région fortifiée de Verdun (R. F. V.) ; cela représentait, au total, exactement dix groupes !…

Il fallait donc chercher ailleurs.

Parmi les Services d’armées, un seul était utilisable, celui de la 2e armée. La 2e armée, en effet, avait été renvoyée dans l’Oise au début de janvier ; mais ses Services automobiles étaient constitués, et cantonnaient alors dans la région de Vitry-le-François, avec leur parc planté à Aulnay-l’Aitre. Ils comprenaient sept groupes : on pouvait se les adjoindre.

C’était donc aux réserves et groupements appartenant à l’état-major général qu’il fallait surtout faire appel ; et, certes, il n’y eut jamais une plus éclatante justification de leur création.

Voici l’énumération exacte de ces Services de réserve, à la date du 19 février :

Dans la région de Châlons : la réserve R… comprenant

  1. Rappelons que les Allemands avaient, pour les servir, un réseau d’une dizaine de voies ferrées.
  2. Almanach Hachette 1917, p. 96. — Dans le même passage, il est dit, par erreur, que le Meusien avait une capacité journalière de 2 000 tonnes !