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Les trajets étaient souvent longs : dix, douze, quinze, vingt heures. Dans tel groupement, au début, les hommes travaillaient dix-huit heures, se reposaient trois heures, et repartaient !

Pour les troupes, on les prenait, à l’aller, — ou bien on les déposait, au retour, — dans leurs cantonnements de repos, qui se trouvaient, pour la plupart, aux environs de Bar-le-Duc, soit à l’Ouest : Brabant-le-Roi, Revigny, Neuville-sur-Orne, etc. soit au Sud : région entre Saint-Dizier et Ligny-en-Barrois ; on les menait au « circuit » (boucle de débarquement) de Nixéville ou au « circuit » de Blercourt, ou même plus loin, suivant l’intensité du bombardement. Les règles de rembarquement étaient, dans l’ensemble, respectées. Il faut noter seulement que, du moins dans les premiers temps, on ne tenait aucun compte de la division des camions en sections : les camions partaient groupés au hasard, sous la conduite de l’officier qui se trouvait là : cela n’offrait aucun inconvénient pour des transports de ce genre, les règles étant communes à tous, et chacun, d’ailleurs, officiers et hommes, ayant à cœur de rivaliser de zèle et d’activité, car tous avaient la compréhension très nette que la régularité de l’apport de munitions et de vivres était un des éléments de la résistance des troupes.

Pour les munitions et le matériel, on les chargeait dans les gares de chemins de fer. Prenons, pour exemple, la gare de Bar-le-Duc. Le poste de commandement (P. G.) du groupement avait été établi en face de la gare : c’est là que se faisait la liaison, — si nécessaire ! — entre la Commission régulatrice et le service des chemins de fer. Dans ce poste, un officier tenait, heure par heure, un tableau à fiches mobiles des disponibilités en matériel. Dans la gare, un autre officier était en « permanence » pour noter la composition des trains à mesure de leur arrivée[1]. Les détachements automobiles nécessaires étaient commandés aussitôt : un ordre de service était remis au chef de détachement et devait être rendu par lui, au retour, avec toutes les indications. Le chargement se faisait alors dans la gare : grâce au bon ordre et à la méthode, le contenu d’un train de 300 tonnes pouvait être chargé sur les camions en moins de trois heures. Aussitôt chargés, les camions allaient se placer, dans Bar, sur un des quatre « quais de départ : » tout

  1. Les choses se passaient exactement de la même façon dans la gare de Badonviller.