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c’est alors le moment de se reporter au paragraphe 58, qui, parallèlement, définit les fonctions du président d’empire : « Le président d’empire représente l’empire au point de vue international ; il signe au nom de l’empire les alliances et les autres traités avec les Puissances étrangères ; il accrédite les ambassadeurs, les reçoit, déclare la guerre, signe les traités de paix suivant les lois d’empire. » Pour gage de ses excellentes dispositions, le professeur Preuss souscrit ce billet : « Aussitôt que la Ligue des nations sera conclue avec exclusion de tout traité secret, tous les traités conclus avec les États faisant partie de la Ligue des nations devront être approuvés par le Reichstag. » Mais le projet de Constitution en contient un autre, un autre engagement à terme, une autre traite sur l’avenir, dont on se flatte que l’échéance sera sans doute moins éloignée. La « grande idée » allemande, l’idée de la plus grande Allemagne, domine tout dès le paragraphe premier : « L’empire allemand se compose des États qu’il a compris jusqu’à maintenant et des territoires dont la population demande à entrer dans l’Empire sur la base du droit de libre disposition des peuples, demande qui est agréée par la loi impériale. »

Inutile d’aller plus avant : l’Empire est refait ; jamais il n’a été défait. L’unique différence est que l’Empereur sera qualifié désormais « président d’Empire ; » mais souvenons-nous qu’en 1871, pour introduire l’Empire et l’Empereur, il n’y eut même pas à corriger, dans la Constitution de la Confédération de l’Allemagne du Nord, le titre du chapitre IV, qui continua à être : « Présidence de la Confédération. » Empereur, Président d’Empire, les qualifications sont interchangeables : le personnage ou le rôle est identique ; et le changement qu’on ne fit pas dans un sens, il y a quarante-huit ans, — n’était une espèce d’hypocrisie démocratique, — il n’y aurait pas à le faire aujourd’hui en sens inverse. Nous savons bien tout ce qu’on peut alléguer : que la monarchie est déchue, que la République est proclamée ; que le Reich n’est plus un empire avec empereur, mais un empire sans empereur ; que les Hohenzollern sont chassés ; qu’à leur place, il y aura un président élu, et que, parmi les pouvoirs qu’il héritera d’eux, il ne trouvera pas l’arbitraire et monstrueux pouvoir de déclarer, à sa seule volonté, la guerre dont l’Empereur se vantait d’être, en droit et en fait, le suprême seigneur. Mais déjà la Constitution de l’Empire avec empereur avait pris une précaution. « Pour déclarer la guerre au nom de l’Empire, stipulait-elle, le consentement du Conseil fédéral est nécessaire, à moins qu’une