Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 49.djvu/959

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prendra part aux délibérations du parti. » Mais les délégations autrichiennes ne se borneront pas à concourir aux délibérations « du parti. » Elles seront associées à celles de l’Assemblée nationale elle-même et collaboreront aux travaux de la Constituante, où leur banc est formellement réservé. Dans la contrefaçon républicaine du Bundesrath impérial, qui s’appellerait la Commission des États confédérés, leur accession est désirée et prévue : « Si l’Autriche allemande se réunit à l’Allemagne, dit le projet de loi sur les pouvoirs provisoires de l’empire, elle aura le droit de siéger dans le Conseil des États avec un nombre de voix à fixer par une loi. »

Eh ! bien, nous le demandons : les Puissances de l’Entente, alliées ou associées, peuvent-elles permettre que ce soit là la première application du principe que « les peuples ont désormais la libre disposition de leur sort ? » Souffriront-elles que les vaincus commencent par se servir ? Sera-t-il vrai, comme David le souhaite, que l’Allemagne « sortira de cette guerre plus grande et plus forte ? » Oui ou non, car il n’y a que l’alternative, il n’y a pas d’échappatoire ; ni périphrases, ni phrases. Si c’est oui, la Conférence peut se dissoudre : elle est finie. Nous aurons perdu par la « diplomatie » la guerre que nous avions gagnée par les armes.

Mais ce ne peut pas être : oui. La question que les plénipotentiaires dirigeants. — ceux qu’on nomme le Conseil des Dix, — paraissent hésiter à poser, l’Allemagne la pose catégoriquement, inéluctablement. C’est la question principale, cardinale, le gond sur lequel tournent toutes les autres questions. Celle-là résolue, toutes les autres deviennent faciles ou plus faciles à résoudre : leurs solutions sont bonnes ou mauvaises en fonction de celle-là. Selon qu’elle aura été bien ou mal résolue, la porte sera ouverte ou fermée, la porte du temple de la guerre et de la paix. Le monde a été dévasté par la guerre, parce que l’Allemagne l’a voulue : le monde va-t-il mettre l’Allemagne hors d’état de la vouloir à nouveau dans quelques années ? Le monde a forcé l’Allemagne à accepter la paix ; le monde va-t-il contraindre l’Allemagne à subir une paix telle qu’elle soit assurée pour plus de quelques années ? Une Allemagne « plus grande et. plus forte » ne pourrait être, république ou empire, qu’une Allemagne plus enragée à grandir encore sa grandeur et à abuser de sa force. Une Allemagne « non diminuée » ne serait qu’une Allemagne non muselée. C’est pourquoi il n’y a pas de détours à faire, il n’y a pas de biais à prendre : la question à trancher primordialement, préalablement, est la question de la