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de tourbe, de lignite, de houille ou de pétrole et à provoquer la recombinaison avec l’oxygène, la combustion, qui doit les ramener à une forme stable. Il se dégage alors des calories, dont on réalise habituellement la transformation en travail par un artifice consistant à vaporiser de l’eau, sous pression. La chaudière à vapeur a été, pendant tout le dernier siècle, la forme essentielle de l’énergie motrice ; elle est restée en jeu, alors même que l’on a cru avantageux d’employer la vapeur à son tour pour lancer un courant électrique et, si, aujourd’hui, elle a dû perdre une faible partie de son domaine, sa supériorité n’en durera pas moins, suivant toutes vraisemblances, longtemps encore. Néanmoins, de plus en plus, on s’aperçoit que, pour utiliser la chaleur solaire, on peut, on pourra un jour se passer des combustibles et surtout que, pour employer les combustibles, il n’est pas nécessaire de recourir à la vapeur. C’est l’ordre d’idées relativement nouveau sur lequel nous allons insister.

Observons-le en passant, quand nous recueillons un morceau de charbon ou quand nous aménageons une chute d’eau, nous mettons à profit une force naturelle qui s’est développée indépendamment de nous. Il est sans exemple que nous ne soyons pas forcés d’ajouter à ce travail solaire le nôtre propre : culture et abatage de bois ; creusement de mines ; construction de foyers et de machines ; installation de barrages et de conduites forcées ; gréement d’une voile sur un navire, etc. Mais, en général, cette part de notre travail personnel est accessoire ; sinon, nous utiliserions plus simplement nos efforts directs sans recourir à des procédés compliqués, longs et coûteux. On vise par tous les moyens à la réduire encore. La proportion relative de la main-d’œuvre et de l’énergie naturelle (visible ou latente) dans le prix de revient est un élément économique de premier ordre, qui varie avec les temps, les lieux, les engins et les hommes et dont les variations attendues à la suite d’un cataclysme comme celui de la guerre peuvent exercer la plus grande influence sur les transformations futures de notre industrie.

Après l’activité solaire, une force dont nous rencontrons sans cesse l’application est l’attraction universelle. Pour les philosophes du moyen âge, chaque chose tendait vers son « lieu naturel. » Nous expliquons, depuis Galilée et Newton, la chute des corps, comme le mouvement des planètes, par l’attraction