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qui paraît contribuer à la conservation de la chaleur solaire, son utilisation terrestre apparaît aujourd’hui à notre ambition comme la réserve de force par excellence, destinée à nous fournir, dans un temps où il ne sera plus question de houille ni de pétrole, l’équivalent des forces mises en jeu pendant la période primitive de la terre.

L’inégalité du relief terrestre, qui permet les applications de la gravité, est encore une conséquence des surrections montagneuses produites, aux époques géologiques, par cette même chaleur interne.

N’est-ce pas également dans ce groupe qu’il faut classer les forces magnétiques, où se combine, à ce qu’il semble, la production ancienne d’un noyau ferrugineux interne et de certains états moléculaires, avec des interventions solaires actuelles ? Peut-être aussi surprenons-nous là l’intervention d’une dernière force qui intervient avec plus de netteté dans la production des vents et des courants marins : la rotation terrestre.

Cette énumération rapide aura suffi pour montrer la diversité des énergies que la nature met à la disposition de l’homme, et on n’aura pas manqué de remarquer en même temps combien, jusqu’ici, un petit nombre de ces énergies ont été seules utilisées : encore depuis fort peu de temps. Il en existe certainement d’autres que nous ne soupçonnons pas. Mais, pour celles que nous avons énumérées et que l’on n’applique pas, notre ignorance scientifique n’est pas en cause. Si nous ne nous en servons pas davantage, ce n’est même pas en général parce que nous manquons de moyens pratiques pour les capter et les transformer en mouvement de nos machines : c’est uniquement, comme je l’ai fait remarquer en étudiant l’ensemble de notre organisation industrielle [1], parce qu’il est plus économique, en l’état actuel de nos connaissances et de nos ressources, d’avoir recours à d’autres.

Il y a là une notion essentielle, sur laquelle je tiens d’autant plus à insister que nous laissons de côté, dans ce travail, les problèmes financiers de l’après-guerre. En réalité, on ne doit jamais oublier que ces problèmes financiers sont à la base de tout le reste. La grande difficulté de l’après-guerre sera de trouver des capitaux ayant une valeur internationale : des

  1. Voyez la Revue du 1er juillet 1918.