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théorique dont nous montrons l’avantage a néanmoins fait son chemin et nous allons la voir utilisée, avec des rendements très avantageux, même pour d’aussi mauvais combustibles que le lignite ou la tourbe.

L’emploi des gazogènes, auquel nous venons de faire allusion, est suffisamment connu et vulgarisé, du moins pour les combustibles supérieurs. Quant au moteur Diesel, dont nous aurons à reparler pour le pétrole, on sait qu’il est fondé sur une combustion graduelle et sans détonation des diverses huiles minérales ou végétales, contrairement à ce qui se passe d’ordinaire dans les moteurs à essence à quatre temps. Ce système, qui s’est tant répandu depuis 1898, a pu causer quelques déceptions parce qu’on en avait trop attendu. Je le cite seulement comme le moyen le plus pratique de substituer, suivant la conception précédente, un combustible liquide au charbon solide, en développant directement dans le cylindre l’énergie empruntée au combustible. C’est un appareil délicat, mais avec lequel le rendement thermique d’un moteur atteint presque 30 p. 100. Une machine de 100 chevaux ne dépensera que 200 grammes de combustible par cheval-heure, tandis qu’une turbine Râteau de 3 000 chevaux dépenserait au moins 400 grammes du même combustible pour la même production de force et une machine à vapeur Corliss plus de 600. En adoptant les perfectionnements nécessaires pour y employer l’huile de goudron extraite de la houille, qui a le défaut de présenter une composition trop variable, on pourrait tripler le rendement obtenu dans la machine à vapeur, doubler celui de la turbine.

Le développement du système s’associe presque nécessairement, — et c’est à la fois un avantage et un défaut, — avec la fabrication des matières colorantes, des produits pharmaceutiques et des explosifs empruntés à la houille, dont on avait trop laissé le monopole aux Allemands avant la guerre. Dans les mêmes fabrications, on peut, comme sous-produit du coke, pousser à la production du benzol, dont on obtient cinq à six litres par tonne de houille, et qui est susceptible de remplacer l’essence minérale dans le moteur à explosion.

Une autre voie toute différente en principe, dans laquelle on était entré depuis quelques années et où l’on va sans doute marcher à pas rapides, c’est la création de nombreuses centrales