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LA CHALEUR INTERNE

L’emploi de la chaleur interne, sans être non plus bien pratique, pourrait offrir, à plus brève échéance, quelques ressources hypothétiques. On sait que la température augmente en moyenne de 3 degrés par 100 mètres quand on s’enfonce et que l’accroissement se fait notablement plus vite dans les régions à volcanisme récent ou même ancien. Nous trouvons une application de cette loi dans les sources thermales qui apportent chaque jour à la surface une quantité de calories, dont on pourrait aisément faire un autre usage que le seul traitement médical. J’ai calculé autrefois que nos sources thermales françaises équivalent au moins à 100 000 tonnes de houille consommées par an. Quand ces sources atteignent l’ébullition ou s’en rapprochent assez pour qu’on puisse obtenir de l’eau bouillante par un forage, leur usage dans des chaudières à vapeur semble naturel. On a appliqué récemment cette idée en Italie pour les Soffioni de Toscane ; les Islandais utilisent ainsi des sources chaudes ; une installation de ce genre pourrait être créée en Algérie, à Hammam Meskoutine. Mais on peut imaginer une conception plus hardie. Un sondage de 2 500 mètres, au fond duquel arriverait de l’eau, fournirait une chaudière à vapeur permanente, dont le prix de revient serait évidemment coûteux, mais dont la réalisation ne doit pas être techniquement impossible. Une telle tentative, peu économique par elle-même, pourrait être aisément combinée avec la recherche du terrain houiller à très grande profondeur. On avait parlé d’un sondage semblable près de Paris, avant une de nos expositions universelles. Je rappelle en passant l’idée qui n’a rien d’absurde, mais sur laquelle il serait prématuré de compter pour obtenir une quantité notable d’énergie.

Il existe, dans les profondeurs de la terre, d’autres réserves de force, que je me borne également à mentionner. L’emploi du radium nous donne un premier exemple de ce que peut représenter pour l’avenir la dégradation intra-atomique. Le monde minéralogique des grandes profondeurs, exploré dans cet ordre d’idées nouveau, a des chances pour apporter un jour des révélations. La radioactivité, que l’on est tenté aujourd’hui d’invoquer pour expliquer la prolongation mystérieuse