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les villages, les arbres fruitiers. Les troupes Franco-britanniques se trouvèrent subitement devant le vide absolu, créé avec une méthode et une férocité bien allemandes. Mais elles étaient rendues à la guerre de mouvement ; elles se sentaient victorieuses ; elles avaient pris sur l’ennemi la supériorité morale ; elles l’avaient enfin obligé à reculer devant elles. Les dévastations inutiles ne firent qu’augmenter la force de leur élan. Les routes et les chemins de fer furent mis en état. Au bout de quelques jours, les relations normales avec l’arrière étaient rétablies.

Un nouveau facteur, de la plus haute importance, allait d’ailleurs changer la face de la guerre. Les États-Unis se déclaraient en état de guerre avec l’Allemagne et prenaient immédiatement les mesures nécessaires pour entrer en ligne au milieu des troupes de l’Entente.


DÉBARQUEMENTS DES TROUPES AMÉRICAINES

L’arrivée des troupes américaines devait amener dans le service des chemins de fer une nouvelle intensité de mouvements. Dans le milieu de 1917, les débarquements américains en France commençaient. Les troupes de nos alliés devaient être réparties sur différentes parties de notre territoire, dans le centre et dans l’Est et dirigées tout d’abord sur les camps d’entrainement où elles perfectionneraient rapidement leur instruction en vue de la guerre actuelle.

Dans le deuxième semestre, la Compagnie d’Orléans embarquait à Saint-Nazaire 12 000 officiers américains, 46 000 hommes de troupe, 22 000 chevaux, 200 voitures et 25 000 tonnes de matériel. Le 27 octobre, un premier communiqué du général Pershing annonçait la présence, dans les tranchées de première ligne d’un secteur calme, de quelques bataillons américains opérant en commun avec les bataillons français. « Nos troupes, disait le général en chef américain, sont appuyées par quelques-unes de nos batteries, en commun avec les batteries françaises. » Tel fut le début de l’intervention effective de nos alliés.

On sait le développement exceptionnel donné par l’Amérique au transport de ses troupes, à leurs débarquements, à l’organisation militaire et à la préparation à la guerre de ses