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des trois députés, une séance inoubliable pour le Slesvig. Le local était cette même maison d’assemblée où en 1911 j’avais entendu plusieurs orateurs adresser à ces jeunes gens que la guerre allait placer dans des conditions si douloureuses des paroles d’encouragement, alors que tout démentait la confiance qui ne pouvait mourir dans leurs âmes. Le dimanche 17 novembre, une foule joyeuse remplissait la grande salle claire et gaie, les escaliers, la maison tout entière et le jardin. On était accouru des extrémités du Slesvig. On émit une résolution par laquelle on demandait que la question de la réunion au Danemark fût soumise au vote de tous les habitants du Slesvig du Nord, hommes et femmes, ayant plus de vingt ans, qui y sont nés ou y demeurent depuis plus de dix ans.

D’autre part, à Copenhague, les porte-paroles officiels du Danemark ne représentaient pas très fidèlement ses véritables aspirations. Il y avait, pour diriger ce peuple chez lequel plus on pénètre dans ses couches profondes, plus on trouve la haine de l’Allemagne, un gouvernement radical, auquel collaboraient des socialistes, que le puissant voisin du Sud a terrorisé, dont plusieurs membres ont été ouvertement germanophiles et qui semble avoir redouté l’adjonction d’un grand nombre d’électeurs qu’il savait appartenir à d’autres opinions. Le président du Conseil, M. Zahle, ne pouvait pourtant pas manquer de recevoir cordialement le député Hanssen, lorsque, le 5 décembre, celui-ci vint à Copenhague ; dans un diner qu’il lui offrit, il remercia ses commettants de la fidélité qu’ils avaient gardée au Danemark. « Le grand malheur du monde, dit-il, employant une expression un peu singulière, permet aujourd’hui que leurs souhaits se réalisent. » Il proposa ensuite, pour résoudre les difficultés qui pourraient surgir, de donner le droit d’opter aux Allemands d’en deçà de la future frontière et aux Danois d’au delà, de sorte qu’ils puissent échanger leurs terres et leurs maisons en s’établissant les uns sur à territoire allemand, les autres sur le territoire danois. Cette idée a été particulièrement bien accueillie par les journaux allemands. Dans son discours, comme dans la réponse de M. Hanssen, il fut question d’une frontière qui ne rendrait au Danemark que le Slesvig septentrional très strictement mesuré.

Des réclamations de plus en plus nettes, de plus en plus nombreuses sont venues d’abord de la ville de Flensborg qui se