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haut et ainsi de suite, le remplissage et le vidage successifs des caissons remplacent ici l’action de la marée. Mais il est clair que l’un et l’autre peuvent se combiner et qu’on aura le maximum d’efficacité en vidant les caissons à marée haute et en les remplissant à marée basse dans le même temps qu’on raidit les chaînes.

Un procédé du même genre (sauf qu’il s’agit maintenant d’allèges immergées et non plus flottantes) a été employé pour le relevage du sous-marin américain F.4 coulé accidentellement en 1915 à Honolulu. On avait d’abord vainement essayé de relever le navire en le hissant au moyen de treuils puissants, mais on n’avait réussi ainsi qu’à faire céder sa coque brisée par les chaînes de relevage. On renonça alors à l’emploi de caissons de surface et on immergea eu les remplissant d’eau six caissons cylindriques que l’on vint disposer et fixer solidement et symétriquement de part et d’autre du sous-marin ; puis, au moyen d’air comprimé amené par des tuyaux à ces caissons qui étaient munis d’une soupape de vidange à leur partie supérieure, on les vida de l’eau incluse. Ayant retrouvé alors, en vertu du principe d’Archimède, toute leur force ascensionnelle, ils revinrent flotter à la surface entraînant avec eux le sous-marin qui put être ainsi ramené au port.

Au cours de l’opération (j’emprunte ces détails au capitaine Poidlouë) on utilisa le concours des plongeurs à corps nu de Tahiti, qui sont renommés pour leur habileté, et qui, à l’occasion, peuvent très bien remplacer les scaphandriers. On peut même citer à ce propos un cas de plongée à corps nu à 77 mètres de profondeur, cas scientifiquement presque inexplicable, et qui pourtant a été naguère constaté officiellement à bord du navire de guerre italien Regina-Margherita. Ce bâtiment avait perdu, au moment de mouiller dans une baie de la mer Egée, une ancre et sa chaîne. Un pêcheur d’épongés grec, nommé Aadgi Statti Giorgios, se proposa pour les retrouver. Le premier jour il plongea six fois, le second cinq fois. Le quatrième jour, il parvint à attacher des aussières en fil d’acier à la chaîne qui put être remontée à bord avec son ancre. Le médecin du bord examina le plongeur et ne constata rien d’anormal dans sa conformation. Et pourtant il était resté sous l’eau jusqu’à près de 4 minutes dans ses plongées et il avait subi des pressions atteignant près de 8 atmosphères. Voilà qui peut laisser rêveurs les physiologistes avec leurs savantes explications.

Une autre méthode, très différente des précédentes, est celle qui fut employée par les Américains pour mettre à sec et examiner