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à tous les degrés de la hiérarchie, les plus grands éloges. »

Les chemins de fer français, du fait même de la guerre, ont eu en effet à triompher de difficultés de tout ordre : crise de circulation, crise d’approvisionnement, crise de personnel et crise de matériel, qu’il convient de mettre en relief, si l’on veut apprécier à sa mesure la grandeur de la tâche qu’ils ont eu à accomplir.


CRISE DE CIRCULATION

La crise de circulation fut peut-être, de toutes, la plus grave. La guerre n’a pas seulement augmenté, dans une proportion inattendue, le trafic général : elle a encore modifié les parcours, en même temps qu’elle en augmentait la durée. Enfin, elle a créé des courants nouveaux, pour lesquels les lignes n’avaient pas été construites.

Dans un rapport en date du 4 juillet 1917, le directeur du contrôle du réseau d’Orléans écrivait : « Le tonnage kilomètre est double de celui pour lequel le réseau d’Orléans était outillé avant la guerre. On parvient à le débiter, et c’est là déjà un résultat remarquable. Mais on fonctionne à la limite du rendement possible. »

La guerre a créé des besoins nouveaux que personne n’avait antérieurement envisagés. Les marchandises ont dû être transportées là où les appelait la défense nationale, entraînant des modifications dans le trafic des Compagnies, alors que leurs installations du temps de paix ne pouvaient pas suivre une évolution parallèle. Certains transports, qui se faisaient naguère, du Midi à l’Est, par des lignes sur lesquelles les wagons pouvaient rouler à une vitesse de 40 kilomètres à l’heure, ont dû se diriger, de l’Ouest à l’Est, en traversant des régions accidentées, comme l’Auvergne, où ils pouvaient à grand’peine atteindre une vitesse de 20 kilomètres. Des convois considérables ont dû être acheminés de Bordeaux vers Nancy et Toul. Les lignes existantes n’avaient pas été faites pour répondre à de pareilles nécessités. Les réseaux français avaient été construits, en principe, pour relier Paris à tous les ports et villes principales de France. Les lignes transversales étaient insuffisantes pour satisfaire à cette nouvelle situation et aux besoins urgents de la défense nationale.