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quitter les routes et s’engager à travers champs. On sait, d’autres part, les énormes services qu’ont rendus les convois automobiles de personnel et de matériel, à Verdun, et au moment des offensives allemandes de 1918. Leur emploi, dans les transports en cours d’opérations, a été fréquent, en particulier pour le déplacement rapide des troupes d’infanterie. Des divisions entières ont pu être ainsi amenées à pied-d’œuvre, en un temps très court et avec une précision remarquable.


ÉTAT DES VOIES FERRÉES AU MOMENT DE L’ARMISTICE

Le matériel roulant des chemins de fer français avait été fort éprouvé à la suite des transports de toute nature imposés par les opérations militaires, la production intensive des usines de guerre, le ravitaillement des armées et celui de la population civile. Au moment de l’armistice du 11 novembre dernier, il était, en grande partie, à réparer ou à remplacer.

Une des clauses de l’armistice a exigé la livraison, dans un délai de deux mois, de 5 000 locomotives, de 150 000 wagons et de 5 000 camions automobiles, en bon état, au profit des Alliés. Pendant les quatre années de guerre, l’Allemagne avait augmenté son matériel de transport de 80 000 wagons pris en Belgique, de 25 000 capturés en France, de 12 000 en Serbie et de 70 000 enlevés aux Russes, soit un total de 187 000 wagons. On sait les résistances injustifiées que l’exécution de cette clause a rencontrées chez nos adversaires.

Le matériel exigé était indispensable à la reconstitution des régions libérées. Il n’a été livré que tardivement, et la Conférence de la paix s’est ouverte avant que le ravitaillement de ces malheureuses régions ait pu être assuré. Les Allemands, dans leur retraite, ont rendu inutilisables, pour longtemps, les chemins de fer, les canaux, les routes ; ils ont fait sauter les ouvrages d’art, les maisons d’habitation, les fermes et les moindres hameaux.

Cette destruction systématique, voulue et longuement préparée à l’avance, a été précédée de l’enlèvement méthodique de l’outillage des usines, du matériel d’exploitation agricole, du mobilier des propriétés privées et de tous les éléments nécessaires à la reprise de la vie normale, dans des régions qui avaient déjà tant souffert de la guerre. Ce sont là des actes