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qualifiés, tels que le docteur Collet pour la Belgique, les docteurs Thierry et Dubief pour la France, reconnurent, après une enquête approfondie, les excellents résultats des méthodes appliquées et l’efficacité incontestable des procédés héroïques de désinfection et de prophylaxie employés à Saint-Sulpice.

Cette situation du début ne pouvait se prolonger. D’étape en étape, grâce aux conseils bienveillants et éclairés des hygiénistes cités plus haut, du docteur Roux, du professeur Hulinel, du professeur Bordas, et de tant d’autres, on organisa un service d’hygiène dans des conditions plus confortables et plus pratiques. Sans retracer les diverses transformations qu’ont subies au Secours de guerre, les services d’hygiène, bornons-nous à exposer quelle est à ce point de vue la situation actuelle.

Nulle part peut-être l’application des méthodes scientifiques, à la vie des grandes agglomérations, n’a été poussée à un tel point. La nécessité de l’hygiène y a été placée au même rang que le besoin de manger et de dormir, et les précautions prises en cette matière en font véritablement une base de la vie au Secours de guerre. L’établissement est actuellement divisé en huit secteurs dont chacun est entièrement désinfecté tous les trois jours par le personnel spécial de l’Œuvre : assisté de celui que la Ville de Paris a mis gracieusement à sa disposition sous les ordres du docteur Thierry, chef des Services d’hygiène de la Ville. En principe, en effet les locaux ont été déclarés en état de contamination permanente, de telle sorte que l’on n’attend jamais, pour désinfecter tel ou tel d’entre eux, qu’un cas contagieux se déclare, mais on suppose qu’il s’est déclaré et on agit en conséquence. En somme, plutôt que d’avoir à combattre la contagion, ce qui serait une tâche presque insurmontable, on préfère l’éviter par une sage prophylaxie, et tout le monde y trouve son compte.

L’antiseptique le plus employé pour les sols est le crésyl, largement dilué dans l’eau et avec usage permanent de la brosse. L’eau de Javel est principalement utilisée pour le lavage des rampes, boutons de portes, et en général de tout ce qui peut être touché par les mains. L’emploi du bichlorure de mercure est réservé aux parties difficiles à atteindre : fonds de placards, angles de plafonds élevés ; il est projeté à distance au moyen de pulvérisateurs. Au départ de chaque occupant, les chambres sont, selon le cas, désinfectées à l’acide sulfureux ou à l’aldéhyde formique. Une propreté rigoureuse de ces chambres est d’ailleurs assurée par des visites