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Une affirmation est à retenir, non pour une autre solution de cette affaire des mines de la Sarre, mais pour la solution d’autres affaires litigieuses : c’est que l’Allemagne est «capable de supporter » la réparation des dommages qu’elle a causés. On en reparlera. Mais voyons ce qu’est le bassin houiller de la Sarre, et si, comme le répète le gouvernement d’Empire, — c’est-à-dire toujours le comte de Brockdorff-Rantzau, — maintenant énergiquement sa volonté « de ne se laisser entraîner au cours des pourparlers de paix dans aucune discussion sur le statut politique de ce bassin, » — il n’existe vraiment « aucune raison historique ou autre » d’en contester à l’Allemagne la possession ou la souveraineté. Il suffit de jeter les yeux sur la carte pour constater que le bassin houiller de la Sarre est bien loin de couvrir tout le bassin géographique, de la Sarre. Il n’en représente qu’une assez faible partie. Sommairement, la région où se trouvent les puits de mine, dans ce qui est maintenant la Prusse rhénane et le Palatinat, a la forme d’un triangle, dont la base est parallèle à la Sarre, entre Sarrebrück et Sarrelouis, et dont le sommet se trouve à Frankenholz, à 9 kilomètres au Nord-Ouest de Hombourg, avec prolongement au Sud-Ouest dans la Lorraine ci-devant annexée, et au Nord-Est dans le Palatinat bavarois. « Toutefois, remarque M. L. Gallois, professeur à la Sorbonne, qui a fait de la question une étude spéciale, par bassin de Sarrebrück, il faut entendre non seulement la région des houillères, mais encore celle d’où proviennent les ouvriers qui y travaillent… Pour être maître des charbonnages, des usines qui en dépendent et des villages qui fournissent la main-d’œuvre indispensable à ces industries, voici, à peu près, où il faudrait tracer la frontière. Elle partirait, à l’Ouest, de la vallée de la Sarre au-dessous de Mettlach et engloberait le cercle de Merzig en suivant la bordure orientale de la région montagneuse et forestière du Schwarzwald, qui sépare nettement les pays regardant vers Trêves et la Moselle de ceux ayant toutes leurs relations avec Sarrelouis et Sarrebrück. Elle entaillerait légèrement au Sud la principauté de Birkenfeld, dépendance de l’Oldenbourg, et couperait le cercle de Saint-Wendel dans l’étranglement compris entre la frontière de la principauté de Birkenfeld et celle du Palatinat. Elle pénétrerait dans le Palatinat entre Hombourg, au Sud, et Landsluhl, au Nord, engloberait à peu près le cercle de Hombourg et viendrait rejoindre la frontière de 1815 en se tenant à l’Est de la Bliess. »

Quant aux titres que la France pourrait invoquer sur la Sarre, sans remonter même au traité des Pyrénées et au traité de Nimègue, sans