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héroïque de 1916 et eh remettant au roi George V le bâton de maréchal. L’empereur Yoshi-Hito salua les dernières victoires de l’Alliance en termes dont nos armées ont droit d’être reconnaissantes et fières. A Pékin, pour consacrer et commémorer la conclusion de l’armistice, le président Siu-che-tchang passa en revue, dans les cours et jardins du palais, à la date du 28 novembre, les troupes chinoises et les garnisons alliées, le premier assurément des spectacles de ce genre dont ait été témoin le palais de l’ancienne dynastie mandchoue, devenu la résidence du président de la République chinoise.

En un quart de siècle, de 1894 à 1918, les deux grands Empires de l’Asie orientale, sortis de leur longue réclusion, étaient entrés en une liaison si intime et étroite avec les deux États les plus anciens et les plus avancés en civilisation de l’Europe occidentale, qu’ils s’étaient trouvés mêlés directement à la politique générale du monde, que l’un d’eux, le Japon, avait eu une port considérable à la formation de la Triple Entente de 1907, et que, dans la plus formidable crise de l’histoire, ils avaient tous deux, aux côtés des Alliés, concouru au triomphe de la liberté et du droit sur la barbarie germanique.

L’Asie orientale, après avoir joué ce rôle pendant la Grande Guerre, a eu à collaborer à l’œuvre de la paix et à déterminer avec les Alliés les mesures propres a assurer et garantir d’une façon durable le bénéfice de cette paix. Le Japon et la Chine ont montré d’ailleurs, dans le choix des délégués qui devaient les représenter à la Conférence de Paris, le prix qu’ils attachaient à leur coopération. Le Japon a pour délégués, outre ses ambassadeurs, à Londres, à Paris et à Rome, le vicomte Chinda, M. Matsui et M. Ijuin. deux personnages de haute autorité ; le marquis Saionji, qui fut deux fois président du Conseil, et le baron Makino, ancien ministre à Rome, ancien ambassadeur à Vienne, ancien ministre des Affaires étrangères. La Chine avait désigné comme délégués son présent ministre des Affaires étrangères Lou-tcheng-siang, et Chengting Thomas Wang, ancien ministre, ainsi que ses ministres à Washington, à Londres et à Bruxelles.

Le marquis Saionji, qui est venu achever ses études à Paris vers 1869, et qui y avait, a cette date, noué d’étroites relations d’amitié avec M. Georges Clemenceau, qu’il a été heureux de