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Unis, par exemple, elle en a tué 350 000, c’est-à-dire dix fois plus que la guerre ; 2o D’après un rapport récent et fort bien documenté du Dr Leredde (Société de statistique, 20 novembre 1918), la tuberculose et la syphilis, maladies évitables, causent chaque année, rien qu’en France, plus de 125 000 morts sur un total de 700 000.

Voilà le nouveau champ de bataille où le devoir est de combattre maintenant.

L’hygiène est aujourd’hui le premier, le plus urgent peut-être des devoirs qui s’imposent aux nations et particulièrement à la France. En veut-on un autre exemple : tandis que sur mille Français vivants au commencement de chaque année, il n’en reste que 980, sur mille Norvégiens, 987 sont encore vivants. Si la mortalité française était au taux de la Norvège (où le climat est bien moins favorable qu’en France), nous gagnerions chaque année 273 000 existences. Et il est clair que la mortalité en Norvège pourra être et sera certainement encore abaissée. Rien qu’au taux de mortalité de l’Angleterre, nous gagnerions chaque année plus de 200 000 existences de Français.

Mais je ne veux pas pour aujourd’hui, — car j’aurai l’occasion d’y revenir, — m’appesantir davantage sur le problème spécial de l’hygiène en France. Il n’est qu’un cas particulier, — et particulièrement angoissant, je le reconnais, — des questions d’hygiène générale et mondiale traitées à Cannes, et en traitant celles-ci je toucherai à celle-là implicitement.

La France, les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Italie, le Japon, étaient représentés à Cannes par quelques-uns de leurs hommes les plus remarquables. Dans cette constellation de savants venus des quatre coins, — ou plutôt des cinq coins de la Terre (car ces cinq puissances sont bien les pierres angulaires du monde futur), — la délégation française brillait d’un éclat particulier ; on l’a pu voir par les noms que j’ai cités. Parmi les représentants de l’Angleterre, il y avait notamment sir Ronald Ross, que ses travaux sur la malaria ont illustré justement ; le grand hygiéniste sir Arthur Newsholme, le colonel Cummins, chef du Service bactériologique de l’armée britannique. L’Italie était représentée par des médecins universellement célèbres pour leurs découvertes comme les professeurs Marchiafava, Golgi, Maragliano, Castellani, Bastianelli, Gozio, Baduel, Valagussa ; les États-Unis par le docteur Biggs, organisateur de l’hygiène publique de l’État de New-York et dont les méthodes ont sauvé des milliers de ses compatriotes ; le professeur Welsh, célèbre pour ses travaux sur la dysenterie ; le professeur Strong de Harvard, dont les