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travaux sur les maladies tropicales sont classiques ; le docteur Rose, du Rockefeller Institute. Un moment, la conférence des cinq ne fut, — à l’instar de Paris, — que la conférence des quatre, faute des délégués du Japon. Mais celui-ci finit quand même par avoir là un ambassadeur d’hygiène.

Et maintenant, pour donner une idée de l’œuvre réalisée ou plutôt ébauchée à Cannes et qui demain prendra forme tangible, je ne puis mieux faire que de passer rapidement en revue les exposés et les discussions qui se sont poursuivis dans les séances plénières de la conférence.

Dès le début de la conférence et dans les réunions privées qui se sont tenues, les délégués français ont tenu à faire savoir que leur participation n’impliquait nullement qu’ils fussent disposés à entrer en contact un jour ou l’autre, sur ce terrain, avec les savants ennemis, conformément à l’altitude prise par notre Académie des Sciences et notre Académie de Médecine. Cette déclaration ne pouvait que rencontrer l’assentiment ; il est clair en effet que si on met sur pied une organisation d’hygiène internationale, ce bureau sera d’abord et avant tout interallié, qu’il sera en quelque sorte incorporé à la Ligue des Nations et que les Allemands n’y pourront entrer qu’après avoir acquis droit de cité dans celle-ci.

Dès la première séance, la Conférence a nommé président par acclamation le docteur Roux. Cet honneur était dû à l’illustre directeur de l’Institut Pasteur non seulement pour ses admirables découvertes et la noblesse de sa vie, non seulement parce que les congressistes étant les hôtes de la France, il convenait qu’ils missent à leur tête le plus grand des bactériologistes français vivants ; mais aussi et surtout parce que, sans la France, l’hygiène, la prophylaxie des maladies n’existeraient pas. La lutte contre les maladies évitables, est, en effet, fondée tout entière sur la microbiologie, sur l’étude et la connaissance des microbes pathogènes. Or, la découverte et la connaissance des microbes, bases de l’hygiène, de l’antisepsie et de la prophylaxie, sont entièrement l’œuvre du Français Pasteur et de son école. Sans les découvertes françaises, il n’y aurait pas d’hygiène prophylactique… et pourtant parmi les grandes nations civilisées la France est celle où cette hygiène est la moins connue, la moins enseignée, la moins pratiquée ! Nouvel et déplorable exemple de cette conformation étrange de notre esprit national, si bien symbolisé par la « Semeuse » de nos monnaies, et qui fait que les idées jetées au vent par le génie français trouvent généralement ailleurs