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eu un goût particulier pour la culture française dont elle apprécie la finesse et la mesure ; elle s’accommodera avec satisfaction d’un État autrichien indépendant auquel elle contribuera à donner un cachet particulier de civilisation et d’élégance. La bourgeoisie viennoise, les gens des métiers et des corporations, amis d’une vie douce et pacifique, ennemis du bureaucratisme comme du militarisme, clientèle du parti chrétien-social, désirent une solution qui conserve à Vienne son rôle de capitale, fût-ce d’un État réduit et sans prétentions impériales. Les paysans des vallées alpestres sont essentiellement particularistes, et par tempérament, conservateurs et démocrates. Restent les socialistes : les masses ouvrières suivent, souvent contre leur intérêt économique, l’impulsion donnée par leurs chefs politiques qui veulent les entraîner à la lutte des classes à la suite de la social-démocratie allemande avec laquelle ils font, depuis longtemps, cause commune. C’est avant tout un intérêt de parti qui fait des social-démocrates actuellement au pouvoir des partisans du rattachement à l’Allemagne. L’agitation communiste n’aurait aucune chance de réussir en Autriche, si la propagande et l’exemple de Moscou et surtout de Budapest et de Munich n’encourageaient les fauteurs de désordre et de pillage ; ils échoueront dans leur œuvre de mort si l’Entente sait assurer à temps à la population autrichienne d’abord de quoi manger et se vêtir, ensuite les moyens de travailler et de prospérer, et surtout si elle se décide enfin, par acte d’énergie, à arrêter net, en l’étouffant à Budapest, les progrès de celle épidémie de destruction et de nivellement qui gardera dans l’histoire le nom de bolchevisme.


IV

Les Magyars eux aussi constituent une nationalité, et qui a le droit de vivre. Il est même juste de reconnaître qu’il en est peu qui aient montré autant de vitalité nationale et d’énergie patriotique. Malheureusement, ces qualités, les Magyars en ont usé pour opprimer les peuples non Magyars que les hasards de l’histoire, dus mariages et des héritages dynastiques avaient rangés sous les lois de la Couronne de Saint-Etienne.

Quand ils se sont établis, au IXe siècle, au milieu des peuples slaves qu’ils ont séparés et morcelés, les Magyars