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depuis les pentes Sud du Mont Vidaigne jusqu’au Nord de l’étang de Dickebusch, tout le long de la route d’Ypres à Bailleul. Elle avait ordre de pousser aussi loin que possible et, comme entrée en jeu, de prendre au moins le Mont Vidaigne et le pic du Scherpenberg. Ce fut un échec sanglant. Aux deux extrémités, les lignes ne bougèrent pas : à la gauche, les Anglais (21e, 49e et 25e division) tinrent bon contre trois assauts. A droite, sur les pentes du Vidaigne, notre 34e division demeura inexpugnable dans le parc et le château de Locre (à une lieue au Sud du village, sur la route de Bailleul). Un basque, Leys, fameux tireur de lièvres, abattit de suite dix-sept Allemands. Au centre l’ennemi fut plus heureux. Il pénétra à la jonction des divisions Breton et Massonet, enleva le village de Locre et atteignit même à un kilomètre plus au Nord, le carrefour de la route de Westoutre.Mais le village est repris par un capitaine du 4e dragons qui, travaillant avec ses hommes en manches de chemise, aperçoit de reflux des fantassins, s’élance la pelle dans une main, le revolver de l’autre et, avec ses vingt cavaliers, retourne la situation. Il ne restait de l’avance ennemie qu’une poche étroite à la tête du ravin du Hellebcek, vers le cabaret de Brulooze. L’ennemi, épuisé, ne renouvela pas ses attaques.

Mais depuis la chute du Kemmel, Foch avait monté sa riposte. Il était revenu le 27 à Blendecques. En quatre jours, arrivent cinq divisions nouvelles. La 31e (Martin) monte en ligne dès le 29 au soir, relève en plein combat la 154e. Une compagnie du 81e régiment dépasse le village de Locre et parvient à l’hospice, grand amas de bâtisses autour d’un jardin de couvent formant un second village à 1 200 mètres du premier. Cette troupe surgit à l’improviste au milieu de la cour et y fait plus de cent prisonniers, appartenant à cinq régiments de trois divisions différentes, une prussienne, une d’Ersatz et une bavaroise. Ce mélange d’unités peint la confusion de l’ennemi.

L’essai de percée sur Poperinghe par le couloir de Locre avait fait un fiasco complet. Ce village commande une sorte d’isthme qui forme verrou dans la vallée, et qui est la ligne de partage entre les ruisseaux qui descendent au Sud vers la Douve, au Nord vers Dickebusch et la cuvette d’Ypres. C’est sur cette ligne d’arrêt que se fixe la bataille. Elle se passe désormais en oscillations de faible amplitude autour de cette