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nettoyage, par des exercices figuratifs, de l’assaut. Maintes fois, — et cela déjà aux derniers mois de 1916, — on a reproduit à l’arrière, sur des terrains spécialement aménagés, la position à enlever : le fort de Vaux, ou le système des tranchées allemandes devant Juvincourt, ou l’entrée de la creute de Fruty : chaque groupe de combat, chaque soldat, a répété plusieurs fois son rôle, et, le jour de l’attaque, l’a joué avec précision. Dès lors, la technique du combat d’infanterie s’est à peu près fixée : une première vague d’assaut, déployée en tirailleurs, marchant au plus près du barrage roulant, passe presque impunément à travers les mailles des organisations adverses, suivie par des vagues de renfort, lesquelles progressent en petites colonnes, prêtes à déborder les résistances et à refouler les contre-attaques ; derrière chacune de ces vagues, les équipes de nettoyage opèrent contre les îlots défensifs qui ont pu subsister. Ainsi conduite, une attaque bien préparée doit toujours parvenir et, en fait, est toujours parvenue en 1917 à emporter la première ligne de résistance ennemie.

Mais la nouveauté que l’on enseigne en 1917 est que l’infanterie peut en outre dépasser cette zone, parce qu’une artillerie plus nombreuse, et plus mobile, peut l’accompagner plus loin.

L’infanterie est désormais capable de pousser vers des objectifs lointains pour d’autres raisons encore : parce qu’elle dispose de l’ « avion d’infanterie, » volant à faible altitude, qui assure ses liaisons et repère les troupes ennemies ; — et encore parce qu’on sait mieux organiser la rapide poussée en avant des unités de travailleurs chargés de refaire les routes et les pistes en pleine bataille et de ravitailler les fantassins sur la ligne de feu ; — et enfin, parce qu’un procédé de combat nouveau, le passage des lignes, permet de faire doubler, au cours d’une attaque, une troupe par une autre : manœuvra essayée par nous depuis des mois, mais réputée si difficile que la plupart des tacticiens avaient cru qu’elle ne réussirait jamais que sur des polygones ; — pourtant, elle fut excellemment exécutée dans les combats, et pour la première fois, le 20 août 1917, devant Verdun.

Tous ces nouveaux moyens d’action ont joué ensemble dans nos opérations offensives de 1917, qui, si limitées fussent-elles, apparaissent donc en quelque mesure comme des épreuves avant la lettre, de plus en plus nettes, de nos opérations