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Sénégalais, alertés, survinrent. Le soldat allemand redoute son adversaire noir, plus grand, plus fort, plus agile que lui, fougueux et friand de la lame, du combat d’homme à homme et qui lui rend sans scrupules, généreusement, coup pour coup, s’arrangeant d’ailleurs le plus possible pour frapper le premier : révélations que nous devons aux feuilles allemandes, à leurs criailleries à forme humanitaire contre l’emploi des troupes noires et aussi aux correspondances saisies. Le contact repris en 1918, à Reims, avec ces bataillons tout neufs, frais éclos d’un repos de six mois, entraînés à point, fut, aux assaillants, une désagréable surprise. Ils n’insistèrent pas : leur coup était manqué. Ils comptaient revenir en nombre à la charge. L’agence Wolff voulut bien expliquer au monde que « les Français renonçaient à garder Reims, où ils ne maintenaient que des nègres et des coloniaux. » Avis prémonitoire de la seconde attaque, déclenchée le 12 juin, à l’Est de la ville. Un furieux assaut en donnait à l’ennemi une des clés, le fort de la Pompelle, où, fiévreusement, il commença de s’organiser. Mais cette fois encore, il avait compté sans son hôte : une ruée sénégalaise, lancée à corps perdu, l’en chassait, si violente et meurtrière qu’elle coupa court à tout retour offensif.

Les rodomontades des sans-fils rendaient l’échec cuisant. Pour en atténuer le dépit, force était d’en passer par une attaque sérieuse. Le 18juin, le Kromrinz donnait l’ordre d’en finir coûte que coûte. L’affaire, montée sans regarder aux moyens, prenait cette fois, de l’envergure. Sur vingt-cinq, kilomètres d’Ouest en Est, de Vrigny à La Pompelle, trois divisions de première ligne assaillirent le pourtour circulaire de nos défenses visant, au centre, la cité, que tenait une de nos divisions métropolitaines encastrée, à sa gauche, d’Ornes à Vrigny, à sa droite, de Sillery à la Pompelle, entre deux divisions coloniales. Violente et coutumière préparation par obus asphyxiants, contrebattue supérieurement par nos batteries frappant au plein de masses ennemies impatientes de l’assaut libérateur. Son insuccès toutefois fut magistral. Tout l’effort allemand se rompit sur nos 1 avancées sans même entamer nos premières lignes. En un seul point, au Nord de Sillery, l’ennemi s’infiltra quelque peu sous bois. Succès éphémère. Découvert, pris à partie par une foudroyante contre-attaque sénégalaise, il détala sans demander revanche. C’était, une fois de plus, Reims sauvée, et, rivaux