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la suite de l’incident d’Agadir, la Belgique eût mis ses places fortes en état de défense : « Rien ne motive, lui disait-il, la crainte que l’Allemagne viole votre territoire ! »

Les visites que le roi et la reine des Belges et l’empereur Guillaume II avaient échangées en 1910 semblaient avoir resserré les liens d’amitié entre les deux pays. Nous étions reconnaissants à l’Empereur des vœux amicaux apportés à notre Roi dans son toast et je crois, hélas ! que ses appels à notre confiance nous avaient particulièrement conquis. Aux grandes manœuvres de l’armée allemande qui suivirent de près sa visite à Bruxelles, il répétait au général Heimburger, notre envoyé militaire : « La Belgique a bien raison d’avoir confiance en moi. »

Beaucoup plus récemment, le 29 août 1913, alors que la situation générale de l’Europe apparaissait déjà plus inquiétante, M. von Jagow, le secrétaire d’Etat pour les Affaires étrangères, avait dit au Reichstag, en réponse à une question posée par un membre du parti socialiste : « La neutralité de la Belgique est fixée par des conventions internationales que l’Allemagne est décidée à respecter. » Le général von Heeringen, ministre de la Guerre, faisait une déclaration non moins rassurante. En juin.de la même année, Guillaume II avait fait siennes ces paroles de ses ministres. Le 31 juillet 1914, le ministre d’Allemagne à Bruxelles, M. von Below, les renouvelait encore dans un entretien avec M. le chevalier van der Elst, secrétaire général de notre département des Affaires étrangères. Le lendemain, il rencontrait le ministre des Affaires étrangères lui-même, et le rassurait : « Jusqu’à présent, je n’ai pas été chargé de faire une communication officielle, mais vous connaissez mon opinion sur la sécurité avec laquelle la Belgique a le droit de considérer ses voisins de l’Est. » Enfin, en réponse à un journaliste qui lui demandait s’il était vrai que son gouvernement l’eût chargé d’assurer le nôtre que l’Allemagne respecterait le territoire de la Belgique en cas de guerre, il prononçait ces paroles : « Je n’ai pas fait cette déclaration et personnellement j’estime que je n’avais pas à la faire, parce qu’elle était inutile. L’idée a toujours prévalu chez nous que la neutralité de la Belgique ne serait pas violée. Si le ministre de France a fait cette déclaration, c’est que sans doute il a voulu ajouter à la constatation de faits évidents quelques paroles rassurantes. Les troupes allemandes ne traverseront