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LE CONSEIL NATIONAL
D’ALSACE ET DE LORRAINE

Au moment où les revendications légitimes de l’Alsace et de la Lorraine paraissent en voie d’obtenir gain de cause, il n’est pas sans intérêt de mettre sous les yeux du public l’histoire du » Conseil national d’Alsace et de Lorraine, » nom que porte la deuxième Chambre du Parlement alsacien-lorrain depuis que le coup d’Etat du 11 novembre 1918 remit entre ses mains le pouvoir souverain. Issue du suffrage universel, elle est encore le seul organe qui représente réellement la population de nos nouvelles provinces. Son histoire, peu connue en France, permettra d’apprécier le rôle de cette assemblée qui a rendu de grands services, et qui, en nous transmettant son pouvoir, nous a tracé la voie que nous devions être amenés à suivre.


I

Cette Chambre est la première, — et jusqu’ici la seule, — qui, en Alsace et en Lorraine, ait été élue au suffrage universel. La défiance qu’elle inspirait aux dirigeants de l’Empire apparut clairement dans l’ensemble des pouvoirs qu’ils se réservèrent en vue d’étouffer toute velléité d’indépendance. Si la constitution qu’ils rédigèrent et firent voter par le Reichstag en 1911 octroyait un Parlement à la Terre d’Empire, celle-ci n’en resta pas moins gouvernée par un « statthaller, » simple agent de l’Empereur qui le nommait et le révoquait à son gré. Le Reichstag avait vainement proposé au Conseil fédéral que le statthaller fut nommé à vie, ce qui lui eût assuré une