Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 51.djvu/921

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

attend une évolution favorable à l’Allemagne dans l’état d’esprit des Alsaciens-Lorrains. Nous considérons comme notre devoir de conscience de dire au peuple allemand toute la vérité, pour ne laisser se former à cet égard aucune illusion trompeuse. La vérité est que tout ce qui sera entrepris dans ce sens, soit ici, soit par le gouvernement de Strasbourg, ne pourra, dans l’état actuel de la question, exercer aucune influence importante sur l’opinion de l’Alsace-Lorraine, telle qu’elle s’est développée pendant la guerre… Nous considérons que le mandat que nous avions reçu de nos électeurs, d’obtenir pour le pays l’autonomie d’état confédéré, est dépassé par les événements. » Après lui, un autre député alsacien, M. Haegy, se prononça dans le même sens. Ces déclarations n’étaient pas sans risques, car le haut commandement, en prévision d’une offensive française voulait faire évacuer la moitié de l’Alsace-Lorraine. Il trouvait naturellement des arguments dans chaque manifestation de sympathie des populations à l’égard de la France.

Qu’allait faire le gouvernement impérial, puisque parmi les Alsaciens et les Lorrains, il ne réussissait pas à trouver de concours ? Mme Schwander et Hauss allèrent vainement à Berlin au commencement de novembre offrir leur démission. Le gouvernement les assura de sa confiance et les engagea à continuer à chercher des collaborateurs. Cependant les journaux proclamaient à l’envi que l’Alsace-Lorraine ne voulait pas de l’autonomie et de la neutralité, qu’elle attendait son retour à la France. La Freie Presse écrivait le 9 novembre : « S’il peut y avoir quelques Alsaciens qui n’écartent pas de prime abord l’idée de la neutralité, la population d’Alsace-Lorraine, dans sa grande majorité, veut que l’Alsace-Lorraine soit réunie à son ancienne patrie. Pour ceux qui connaissent la situation il ne peut y avoir aucun doute à ce sujet. »

L’Elsässer, organe du Centre, écrivait de son côté le 11 novembre : « Nous rappelons la promesse solennellement donnée par le maréchal Joffre : « Nous respecterons vos « libertés, vos traditions et vos croyances… » Aussi les partis de la seconde chambre ont-ils, presque à l’unanimité, rejeté toute solution qui pouvait être interprétée contre la France… Nous revenons à la France. Elle décidera si notre population doit ou ne doit pas confirmer par un plébiscite notre réunion ; aussi bien ce que l’on a vu dans ces derniers jours était déjà un