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« Les sentiments du Gouvernement ne sont point autres.

« Il tient particulièrement à dire que, jusqu’au jour, — qu’il veut aussi proche que possible, — où la Lorraine et l’Alsace, enfin réintégrées, auront leurs représentants au Parlement français, il n’omettra point le devoir de puiser des avis auprès de tous les représentants locaux et bien qualifiés de leurs intérêts. Il leur a déjà fait leur place légitime, dans le conseil institué à la Présidence du Conseil par le décret du 26 novembre. C’est une voie dans laquelle il entend persévérer. Ceci lui paraît rendre sans objet une assemblée du Conseil national. »

Malheureusement, dans ce Conseil supérieur d’Alsace et de Lorraine, dont le pouvoir exécutif nommait directement ou indirectement tous les membres, les Alsaciens ne voyaient qu’un fâcheux souvenir de la Chambre haute de la constitution de 1941. M. Blumenthal, qui avait appartenu jadis, à cette Chambre haute, et qu’un décret venait de faire entrer au Conseil supérieur, déclarait mélancoliquement, le 16 février, dans l’Éclair : « Que voulez-vous que fassent des Assemblées présidées par les responsables de l’état actuel et composées de membres qui sont ou fonctionnaires ou choisis par les commissaires eux-mêmes ? » De son côté, l’organe socialiste, la Freie Presse, écrivait le 17 février : « Le Conseil national existe toujours et a offert ses services au Gouvernement. Il suffit qu’à Paris on marche dans cette voie pour qu’on apaise beaucoup de plaintes actuellement formulées. »

Ces citations suffisent à indiquer l’état d’esprit qui régnait à cette époque, et qu’on ne pourrait analyser sans tomber dans le domaine de la politique. Telle n’est pas notre intention. Nous nous bornerons à remarquer que le nouveau régime a déjà fait droit, dans une large mesure, aux vœux dont le Conseil national s’était fait l’interprète. Quant à l’objet que nous nous proposions en commençant cette étude, il sera atteint si nous avons réussi à montrer comment le Conseil national n’a pas cessé, depuis sept ans, de représenter l’Alsace et la Lorraine, dont il a défendu les droits, parfois dans les circonstances les plus tragiques, et dont il a enfin, par un acte solennel, scellé la réunion à la France.


JEAN DE PANGE.