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droit, la main et les nerfs de quelqu’un de chez nous ? Si celle-là a été traduite de l’anglais, nous devinons le Français qui l’a traduite.) « Mais il faut que ce soit la justice pour tous. Il faut que ce soit la justice pour les morts, pour les blessés, pour les orphelins, pour tous ceux qui sont en deuil, afin que l’Europe soit affranchie du despotisme prussien. Il faut que justice soit rendue aux peuples qui chancellent aujourd’hui sous un fardeau de dettes de guerre s’élevant à plus de 30 milliards de livres sterling, — lisons : 750 milliards de francs, — et qu’ils ont accepté pour sauver la liberté. Il faut que justice soit rendue aux millions d’êtres humains dont la sauvagerie allemande a pillé et détruit les foyers, la terre, les vaisseaux, les biens. »

C’est pour que la justice s’accomplisse, et parce que « la réparation des torts qu’on a causés est l’essence de la justice, » que les Puissances alliées posent en principe, comme condition primordiale du traité, que l’Allemagne « doit entreprendre une œuvre de réparation jusqu’à l’extrême limite de sa capacité. » Réparer non seulement dans et par « les personnes qui sont le plus manifestement responsables de l’agression allemande, ainsi que des actes de barbarie et d’inhumanité qui ont déshonoré du côté allemand la conduite de la guerre, » mais dans et par la nation tout entière.

« L’Allemagne a ruiné les industries, les mines et les usines des pays qui l’avoisinent. Elle les a détruites, non pas pendant la bataille, mais avec le dessein délibéré et calculé de permettre à sa propre industrie de se saisir des marchés de ces pays avant que leur industrie ait pu se relever de la dévastation qu’elle leur avait de gaieté de cœur infligée. L’Allemagne a dépouillé ses voisins de tout ce qu’elle pouvait utiliser ou emporter. Elle a détruit les navires de toutes les nations, en haute mer, là où il n’y avait pas de chance de salut pour les passagers et les équipages. Il n’est que juste que la restitution s’opère et que les peuples ainsi maltraités soient protégés pour un temps contre la concurrence d’une nation dont les industries sont intactes, et ont même été fortifiées par l’outillage volé dans les territoires occupés. Si ce sont là de dures épreuves pour l’Allemagne, c’est l’Allemagne elle-même qui se les est infligées. Quelqu’un doit souffrir des conséquences de la guerre. Qui doit souffrir ? L’Allemagne, ou seulement les peuples auxquels l’Allemagne a fait du mal ? »

Vainement l’Allemagne plaiderait-elle les circonstances atténuantes. Vainement elle essaierait de distinguer entre l’ancien et le