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économiques, et cette raison majeure : « L’Allemagne ne saurait se passer de la Haute-Silésie. Au contraire, la Pologne n’en a pas besoin. »

Il y a plus : la Délégation allemande soutient que la Posnanie elle-même n’est pas un territoire de population indiscutablement polonaise. Elle nous enseigne ainsi le pouvoir d’un mot mis hors de sa place. « Indiscutablement ! » Qu’est-ce qui, à ce compte, est indubitablement polonais ; quel pays, quelle province est « indiscutablement » quoi que ce soit ? Hien, que ce qui est allemand. Ainsi Dantzig et ses environs, la Prusse orientale, la Prusse occidentale, Memel et les cercles qui l’entourent. Tout ce que l’Allemagne veut garder est incontestablement allemand, tout ce qu’elle ne veut pas rendre n’est point incontestablement polonais. Comment renoncerait-elle à ce jeu, puisque, à tous les coups, elle y gagne ? Elle y a gagné un plébiscite : « En raison de l’affirmation que la Haute-Silésie, quoique habitée par une majorité de Polonais dans la proportion de 2 à 1 (1 250 000 contre 650 000, d’après le recensement allemand de 1910), désire rester allemande, accorde la lettre d’envoi, — et la Réponse est bien plus explicite, — les Puissances consentent à ce que la question de savoir si la Haute-Silésie doit faire partie de l’Allemagne ou de la Pologne soit déterminée par le vote des habitants eux-mêmes. » Au pis-aller, elle y a gagné du charbon : « Afin d’empêcher que l’Allemagne ne soit arbitrairement privée des matières nécessaires à sa vie industrielle, un article a été ajouté au traité, prévoyant que les produits minéraux, y compris le charbon, produits dans toute partie transférée de la Haute-Silésie, pourront être achetés par l’Allemagne aux mêmes conditions que par les Polonais eux-mêmes. » Songez donc ! « La séparation prévue de la majeure partie de ce territoire constitue une violation, que rien ne justifie, de l’organisation géographique et économique de l’Empire allemand. « Pauvre, innocent, inoffensif, intéressant Empire allemand !

En Alsace-Lorraine, Dieu merci, il ne gagne ou ne regagne et ne reprend pas un pied, pas une pierre. La lettre d’envoi est muette sur ce sujet, à quelques récriminations, appuyées de fausse et spéciale érudition « boche, » que l’Allemagne se soit copieusement abandonnée. La Réponse se contente de répondre en substance que non seulement la question est résolue, mais qu’elle ne sera pas posée. Sur le bassin houiller de la Sarre, s’il n’est pas fait de concession nouvelle (on se rappelle qu’à la suite d’une des notes séparées de M. le comte de Brockdorff-Rantzau, une concession a naguère été faite, en