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ce qui concerne le rachat possible des mines, au bout de quinze ans, dans le cas où la population d’un cercle ou d’un village aurait déclaré vouloir demeurer allemande), la lettre d’envoi, comme la Réponse elle-même, entrent en des explications.

« Le territoire, dit la lettre, est transféré non pas sous la souveraineté de la France, mais sous le contrôle de la Société des nations. Une telle solution a l’avantage de n’impliquer aucune annexion, tout en reconnaissant à la France la propriété des mines et en maintenant l’unité économique du bassin, si importante pour les intérêts des habitants. » Et la Réponse, après avoir fait ressortir le caractère « de réparation spéciale et exemplaire » pour la destruction des mines françaises du Nord, que les Puissances alliées ont voulu donner au régime institué dans le bassin houiller, vante à son tour l’impartialité de la Commission de gouvernement qu’y déléguera la Société des nations, commission responsable devant elle, et non devant la France : « Pour la première fois depuis l’annexion de ce district à la Prusse et à la Bavière, annexion effectuée par la force, les populations auront un gouvernement résidant sur les lieux et ne connaissant d’autres charges ni d’autres intérêts que le soin de leur bien-être. » Au surplus, « ajoute-t-elle, presque en guise de post-scriptum, la Note allemande ne tient compte, à aucun moment, du fait que tout le système prévu est temporaire et qu’au bout de quinze ans, les habitants auront, en pleine liberté, le droit de choisir la souveraineté sous laquelle ils désirent vivre. » Voilà pour ce que les Puissances alliées et associées appellent les « avantages » de la solution adoptée : quant à ses inconvénients, ou mieux à ses périls, — car il y en a bien, — elles les passent sous silence. Elles laissent aussi sans réplique les prétentions pseudo-historiques de l’Allemagne, tant sur l’Alsace-Lorraine que sur la Sarre.

« L’Alsace-Lorraine, ose écrire le comte de Brockdorff-Rantzau, soufflé par les Universités d’outre-Rhin, est pour la plus grande partie un vieux pays allemand qui est devenu, il y a plus de mille ans, une partie de l’ancien Empire allemand. Les parties allemandes ont passé, au XVIIe et au XVIIIe siècles, sous la suzeraineté française, principalement par voie de conquête, sans consultation de la population et, la plupart du temps, malgré leur résistance déclarée. Sur quoi se greffe cette réflexion, où brille une sophistique admirable : « Si, en 1871, lors du rattachement de ces territoires, l’Allemagne a négligé de consulter la population, c’est qu’elle s’y croyait autorisé » ; en raison des procédés antérieurs de la France et de la