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moitié d’habitation qui restait. Grâce aux prodiges d’activité déployés par les marins, ce premier séjour dans les tranchées de Lombaertzyde ne fut pas trop coûteux malgré tout : « un tué et huit blessés par des balles ou des projectiles d’artillerie légère » (commandant Mauros). Le 3 février au soir, suivant l’ordre de roulement, le 3e bataillon du 2e régiment était relevé par le 2e bataillon, à la tête duquel le capitaine de frégate de Belloy de Saint-Liénard avait succédé au capitaine de frégate de Pugliesi-Conti nommé capitaine de vaisseau et chargé, depuis le 1e janvier, de la direction des services. Le bataillon Mauros descendit en réserve, par Nieuport, aux fermes de Gross et Klein-Labeur, sur la route de Wulpen, qu’il laissa au bout de deux jours pour Coxyde-Ville, où il prit son cantonnement de repos.

Dans le sous-secteur Sud, c’était le 3e bataillon du le régiment, à peine remis de ses émotions de la Grande-Dune, qui était désigné pour faire la relève des chasseurs : les 10e (capitaine de Monts de Savasse) et 12e (capitaine Dupouey) compagnies aux tranchées ; les 9e (capitaine Béra) et 11e (capitaine de la Fournière) compagnies en cantonnement d’alerte dans les caves de Nieuport-Ville. Les unes et les autres avaient fait leur entrée au brun de nuit dans cette cité vouée aux subversions, onze fois assiégée, onze fois détruite, onze fois resurgie de ses cendres et qui, étant, au cinquième mois, à son douzième bombardement, n’avait déjà plus un toit, une vitre, un chevron.

« Nous partons vers quatre heures de Coxyde-Ville par Oost-Dunkerque-Ville, écrit le docteur L. G., et faisons halte au Bois Triangulaire, situé à un kilomètre de Nieuport. L’endroit n’est pas très sûr. Des balles y sifflent constamment, mais il nous offre un écran relatif et on y attend en silence que la nuit vienne. La longue colonne se remet alors en marche et entre à Nieuport par nuit noire. On nous a fait prendre la file indienne pour éviter la casse, si le bombardement est trop vif. Les hommes doivent se tenir à dix pas l’un de l’autre. Ils observent scrupuleusement la consigne. Mais, de temps à autre, ils se heurtent à une barrière qu’il faut contourner, ils tombent sur des trous de marmites qu’il faut traverser sur une planche. Tant bien que mal on arrive aux Cinq-Ponts, où les compagnies se séparent pour se rendre dans leurs cinq segments respectifs :