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rien. C’est à peine si, par habitude, il envoyait de temps à autre quelques volées de shrapnells sur Saint-Georges. Le 8, l’amiral fut prévenu que la 4e D. A. belge qui, elle non plus, les nuits précédentes, ne s’était pas croisé les bras, avait fini de creuser ses tranchées de départ sur Terstyle et Violette et qu’elle était prête à décoller.

« En conséquence, dit l’exposé officiel, l’attaque sur la ferme Terstyle et accessoirement sur la ferme Violette par les Belges, sur W et ferme Union par les marins, est fixée pour la nuit du 9 au 10 mai. L’amiral donne aussitôt l’ordre : 1° de cesser ràvance par le procédé des boyaux ; 2° de creuser pendant la nuit des tranchées de départ à mi-distance entre les points atteints par les boyaux et l’objectif ; 3° de réunir téléphoniquement ces tranchées aux avancées de Saint-Georges ; 4° de continuer la reconnaissance tenace en avant ; 5° de définir la mission d’artillerie [une batterie supplémentaire, la 8e du 32e appartenant au secteur Nord, avait été mise à notre disposition ] ; 6° de régler le concours demandé à l’artillerie lourde. »

Toutes ces consignes s’exécutèrent de la meilleure façon du monde et comme si nous avions eu affaire à l’ennemi le plus accommodant. Sur la route de Bruges, l’inondation venant battre le pied du remblai, il fallut établir les parallèles de départ en travers de la route elle-même : on creusa deux tranchées (DD’) à dix mètres d’intervalle ; on les réunit par un boyau et on y laissa une demi-section de la 5e compagnie (lieutenant de vaisseau de Roucy). Sur la route de la ferme de l’Union, qui rejoint à Saint-Georges la route de Bruges, l’espace était plus mesuré et le pavage ajoutait à la difficulté. Mais la plaine, entre le remblai et le Noord-Vaart, n’avait pas complètement disparu sous l’eau : elle présentait des parties solides, notamment a la hauteur des deux tranchées de la route de Bruges où quelques colzas commençaient à verdir. On y ouvrit une tranchée, dite la tranchée Colza, à 50 mètres environ de l’extrémité de nos sapes, et on y laissa une section de la 9e compagnie (lieutenant de vaisseau Béra).

L’attaque avait été décidée pour 9 heures 30 du soir. À cette heure, en mai, la nuit est toute tombée et sa complicité nous était nécessaire pour l’effet de surprise que nous escomptions. Aussi bien une attaque de jour eût-elle été impossible, tant sur la route de Bruges, bloquée des deux côtés par le marécage et