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coupée de larges canaux perpendiculaires, que dans la cuvette asséchée qui s’ouvrait à l’Est de la tranchée Colza et qui était coupée elle aussi par trois canaux perpendiculaires à la route de la ferme. Mais, entre temps, s’était produite sur notre flanc gauche une diversion qui aurait tout arrêté, si elle n’avait, par bonheur, comme on le verra plus loin, entièrement tourné à la confusion de l’adversaire.

Dans cette même journée du 9 mai, où nous devions donner l’assaut à leurs positions, les Allemands, dès quatre heures quarante-cinq du matin, déclenchaient sur le secteur de la Geleide, tenu par les zouaves, et sur les segments qui lui faisaient suite jusqu’à la route de Nieuwendamme et qui étaient occupés par les marins, un bombardement d’une violence peu commune et auquel semblaient prendre part des pièces de tous calibres. À onze heures, le feu, dirigé à la fois sur nos tranchées de première ligne et sur Nieuport, les Cinq-Ponts et le Bois Triangulaire, atteignait son « maximum d’intensité. » Saint-Georges, quoiqu’en dehors de l’objectif allemand, recevait sa bonne part de l’averse qui battait tout le terrain, depuis les tranchées à l’Est du village jusqu’au poste de commandement de la Vache-Crevée. Elle nous y démolissait deux mitrailleuses, mais aucun projectile ne tombait sur les tranchées DD’ et Colza, creusées pendant la nuit précédente, preuve que l’ennemi ne les avait pas repérées. Vers midi et demi d’ailleurs, le feu diminuait peu à peu sur Saint-Georges, mais gardait toute sa violence sur le reste du front et sur Nieuport ; à deux heures de l’après-midi, l’ennemi enjambait ses fils de fer. L’action passait à la droite de l’Yser, avant même que nous eussions pu l’engager sur la gauche, — ou plutôt un autre drame s’ouvrait, de l’issue duquell allait dépendre la continuation de notre propre offensive ou son arrêt.

iv. — l’attaque allemande du 9 mai

Abandonnons donc jusqu’à nouvel ordre le segment de Saint-Georges, assez vite négligé par l’ennemi d’ailleurs, et transportons-nous de l’autre côté du fleuve, où notre ligne, partant d’un petit poste au-dessus de la ferme Verstersch, remontait légèrement vers le Nord-Ouest et gagnait ensuite par une série de crochets la route de Nieuport à Lombaertzyde, à gauche