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jour, 28 juin ? On s’en souvient : ce jour-là, lorsque la cérémonie officielle fut terminée, et qu’ils eurent fait dans le parc, à travers la foule qui les serrait à les écraser, une courte promenade, MM. Wilson, Lloyd George, et Clemenceau rentrèrent s’enfermer dans une salle du château : ils en sortirent avec un traité d’alliance à trois, traité de garantie des États-Unis et de la Grande-Bretagne à la France, en cas d’agression non provoquée de l’Allemagne. Mais ou bien le pacte général de la Société des Nations est efficace, et ce traité particulier était superflu, ou bien ce traité était nécessaire, et le pacte est inutile. Ou l’un des deux n’engage réellement à rien, ou l’un des deux engage trop, et peut-être les deux.

Les sénateurs républicains qui désapprouvent la politique du Président Wilson ont déposé motion sur motion, réclamant pièces, documents et procès-verbaux qu’on leur refusait. Les journaux ont dit couramment qu’il n’y aurait pas dans le Sénat américain une majorité pour la ratification, qu’elle ne réunirait pas les deux tiers exigés, qu’il s’en manquerait de plusieurs voix ; par conséquent, ni le Pacte de la Société des Nations ne serait homologué tel quel, ni sans doute le traité séparé avec la France validé par le consentement du Sénat. On annonçait que M. Wilson, usant d’un procédé auquel les Présidents, avant lui, avaient souvent eu recours, et dont lui-même s’est souvent servi avec art et avec succès, allait entreprendre dans le pays toute une campagne de discours afin de décrocher, par la pesée de l’opinion rangée derrière lui, les suffrages des récalcitrants. Il partirait le 15 août, et la tournée oratoire durerait deux ou trois semaines. C’était au moins un grand retard. Les conversations de la Maison-Blanche semblaient avoir laissé chacun sur ses positions, et, du reste, ceux qui en redoutaient le charme s’étaient dérobés. Longtemps la fin fut regardée comme douteuse. Maintenant les choses paraissent en train de s’arranger. Il se pourrait même qu’elles allassent beaucoup plus vite qu’on ne l’aurait cru. Et l’on ne serait pas étonné que le Traité séparé fût voté sans trop de peine, avant même que M. Wilson fût revenu, ou même parti, s’il différait son départ.

Reste le Pacte de la Société des Nations, et par suite le Traité passé par les vingt-sept Puissances avec l’Allemagne. Mais « uu premier procès-verbal de dépôt des ratifications sera dressé (et la ratification sera par là même acquise) dès que le Traité aura été ratifié par l’Allemagne d’une part, et par trois des Principales Puissances alliées et associées d’autre part. Pour l’Allemagne, c’est fait ; et c’est fait aussi