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tives au transport et à la répartition des troupes. C’est un commencement, mais c’est encore peu quand on songe au nombre et à la complexité des décisions que le traité entraine. On est en droit de déplorer ces retards. Quatre mois ont passé depuis que le traité de Versailles a été signé par les délégués allemands. Notre gouvernement sait tout le prix que le pays attache à la publication du décret sur la clôture des hostilités, sans lequel il n’y a pas d’activité économique possible. Son apparition est-elle désormais une affaire de jours ? Le Conseil Suprême a donné lieu déjà à tant de surprises qu’on n’ose plus risquer de pronostic.

Le gouvernement a jugé que, sans attendre la mise en vigueur du traité, il y avait du moins une décision qu’il pouvait prendre immédiatement. Il a résolu de renouveler les pouvoirs élus et de procéder sans retard à la consultation générale du pays. Après avoir supprimé l’état de siège et la censure et rendu ainsi la liberté à la parole et à la plume, il a établi le calendrier des élections, en plaçant les élections législatives les premières et en faisant suivre les autres rapidement, de telle sorte que toutes les opérations électorales fussent terminées le 17 janvier, au plus tard le 2 février, date où la Constitution ordonne la nomination du Président de la République. Ce calendrier des élections était discuté et il était loin d’être parfait. Mais il avait le grand mérite d’exister et d’avoir des chances d’être adopté. Pour couper court à toute controverse, et pour aller vite, le gouvernement a employé les grands moyens : il a posé la question de confiance. Dans ces conditions, le débat a été très court. Il a eu lieu cependant. C’est même M. Clemenceau en personne qui a défendu sa thèse et c’est M. Briand qui l’a combattue. En d’autres temps une pareille joute oratoire n’aurait pas manqué de paraître pittoresque. Par un de ces jeux fréquents dans les controverses parlementaires, chacun des orateurs a tenu le rôle qui paraît le moins conforme à l’idée générale que le public se fait de lui. C’est M. Briand, habituellement optimiste et conciliant, qui faisait ses réserves sur l’avenir et qui disait : « Prenez garde. » Et c’était M. Clemenceau » passé maître en l’art des polémiques, des objections et des critiques, qui disait : « Ce système est bon ; il arrangera tout. » Mais la Chambre ne s’est pas attardée longtemps à ce spectacle : la cause était entendue, comme M. Briand lui-même n’a pas manqué d’en convenir. Les élections commenceront donc par la nomination des députés et elles auront lieu le 16 novembre.

La Chambre a accepté la décision du gouvernement avec une