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comme s’ils devaient être suivis d’accords nouveaux. Ils auront eu toute l’importance qu’on en peut attendre pour le moment si les deux premiers ministres, parlant avec leur complète franchise et une parfaite confiance, ont pu arriver à des conclusions sur les sujets qu’ils ont examinés. Dans l’état présent des affaires européennes, rien n’est plus naturel que cette conjonction des efforts britanniques et des efforts français. L’Italie se trouvant retenue par les embarras que lui cause l’affaire adriatique, il ne reste dans l’Europe occidentale que l’Angleterre et la France pour s’occuper des multiples problèmes encore en suspens. Leur union est indispensable au bien général, et les gouvernements de Londres et de Paris en ont eu le sentiment si vif que, dans le communiqué qu’ils ont publié, ils ont affirmé la complète solidarité des Alliés. C’était même, dans ce communiqué laconique, la partie la plus précise : mais c’était la plus utile à l’heure où l’Allemagne faisait des difficultés pour tenir ses engagements et retardait la paix. L’une des espérances des vaincus, c’est que l’Angleterre, forte de tout ce que lui a donné la victoire, retourne au sentiment de son caractère insulaire et ne marque plus autant d’intérêt aux affaires continentales. Cette politique à courte vue ne saurait être celle du peuple qui a tenu, dans le conflit dont sort un monde nouveau, une si grande place. Les mêmes raisons qui ont fait jouer à la Grande-Bretagne un rôle si actif dans la guerre l’invitent à jouer un rôle actif dans la paix. Entre M. Lloyd George et M. Clemenceau il a été question de problèmes purement économiques, des problèmes du charbon et du change qui nous intéressent particulièrement et dont l’Angleterre, qui a moins souffert que nous de la guerre, sait tout le prix : mais il a été question surtout des trois problèmes politiques les plus pressants : l’application de la paix par l’Allemagne, la situation de l’Europe centrale, les difficultés de l’Orient, et c’est sur ces sujets que les premiers ministres ont précisé leurs projets. Dans la période actuelle, l’accord de l’Angleterre et de la France assure pratiquement la politique du présent, en attendant que les Alliés puissent organiser ensemble celle de l’avenir.


L’Allemagne parait résignée à l’entrée en vigueur du traité de Versailles. Après avoir fait preuve d’un esprit très conciliant et consenti à toutes les modifications qu’ils jugeaient possibles, les Alliés ont parlé de rompre l’armistice si l’Allemagne tergiversait encore. L’Allemagne s’est donc inclinée. Elle n’insiste plus sur les prison-